Le village a une rivière qui coule paresseusement sous
les arches du pont de pierre où elle met des reflets changeants. Vers elle, les
saules se penchent et viennent caresser son eau. Elle se ride dans leurs
branches et fait frissonner les roseaux. Plus loin, sur les pierres, elle
chante au rythme de ses tourbillons. Elle rit, murmure et s’enchante en
gazouillant sous les vieux troncs. Le vieux pêcheur près de sa rive vient
passer des heures endormies. Les libellules se poursuivent autour de son
bouchon qui luit. Elle ne connaît plus les visages qui viennent se voir dans
son eau. Mais elle doit connaître, au sillage les vieilles barques et les
rafiots. Elle a dû voir bien des misères…elle a entendu l’occupant qui chantait
sur le pont de pierre avec ses troupes bien en rang. Elle a vu la paix et la
guerre ; elle a vu pleurer les mamans. Elle est bien vieille la rivière ; elle
vieillit, éternellement ?
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