vendredi 2 juin 2023

Un clodo

 


Il n’avait ni blouson ni bottes de moto, sa carcasse aux frimas, c’était juste un clodo, un de ceux qui s’en vont aux rigueurs de l’hiver, qui fuient les beaux quartiers, ne verront plus la mer. Qui savent bien qu’un jour ils ont été heureux, qui n’ont rien à donner pour trouver un grand feu, qui regardent tremblants le fond de leur sébile,  perdus dans les secrets d’une mauvaise file. Il avait sa famille au hasard du trottoir, pour cousins les oiseaux, les jours de grand soir, il recevait le ciel à son maigre repas, il est si bon le ciel, il ne refuse pas. Et puis quand, par bonheur, descendait une étoile, qui s’était perdue là, qui avait mis les voiles, il l’accrochait, ému, à la place du cœur pour s’en faire une amie, une petite sœur. Mais la chance parfois s’enfuie quand on l’invité et tous ses messagers passent un peu trop vite, la nuit devient plus triste et le gel plus mordant, les sort est bien cruel qui nous glace le sang. Il ne prend pas le temps de choisir ses victimes, chacun doit bien mourir, ce n’est donc pas un crime, sur le corps déjà froid quelqu’un jette un blouson,  dessous c’est une vie qui s’éteint en haillons.

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