On en vient à se demander s’ils se rendent bien compte
de ce qu’ils sont en train de faire au pays. Non contents d’imposer, avec le
recul de l’âge légal de départ en retraite, une régression sociale majeure, qui
pèsera en premier lieu sur les plus précaires, l’exécutif ne cesse de piétiner
la démocratie au passage. Les épisodes se succèdent et dévoilent une cohérence : dans l’esprit du chef de l’État et de ses associés, la France
doit être dirigée comme une entreprise.
À cette aune, la démocratie parlementaire est vue
comme un frein à la productivité. Pourquoi s’embarrasser à discuter d’une loi
d’abrogation de la réforme des retraites à l’Assemblée nationale ? A-t-on déjà vu des
salariés abroger une décision prise par un conseil d’administration ? Emmanuel Macron a commencé son premier quinquennat
en affaiblissant les comités d’entreprise (devenus CSE) pour que les
représentants des salariés ne gênent pas trop la marche vers les profits des
entreprises. De la même manière, il s’attaque désormais à l’Assemblée pour
mettre les représentants du peuple au pas. Il est assez logique que le PDG-chef
de l’État intime à la présidente du comité d’entreprise de la France
(l’Assemblée nationale, pour les plus ringards d’entre nous), Yaël Braun-Pivet,
de tout faire pour empêcher les députés de débattre de la loi d’abrogation.
La commission des Affaires sociales s’est parfaitement
acquittée de la tâche en vidant le texte de sa substance sans accepter le
moindre amendement de l’opposition, droit pourtant constitutionnel. A-t-on déjà
vu un amendement dans un conseil d’administration ? Le président des députés communistes André Chassaigne dénonce dans
nos colonnes le « broyage de la démocratie parlementaire » et la « démocrature » qui s’installe. Jaurès voulait que la démocratie pénètre jusque dans
l’entreprise. Macron veut la faire disparaître jusque dans l’Assemblée. C’est
aussi pour dénoncer cela que citoyens et salariés seront dans la rue, le
6 juin.
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