Santé et rentabilité financière n’ont jamais fait bon
ménage. Les déboires de la clinique Vauban à Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis),
sur lesquels l’Humanité a enquêté, témoignent une nouvelle
fois des dérives du secteur lucratif dans le domaine du soin. Et de la légèreté
avec laquelle, parfois, l’État supervise ces structures privées dont la gestion
laisse franchement à désirer. À la suite d’une inspection de l’agence
régionale de santé (ARS), l’établissement, placé en redressement
judiciaire, a fini par annoncer le 12 juin la fermeture définitive de son
service de maternité, qui assurait encore 700 accouchements l’an passé.
Manque de personnel soignant, cachotteries à l’ARS, mauvaise prise en charge
des césariennes, valse des intérimaires, mort d’un nourrisson après une erreur
d’anesthésie… Derrière la longue liste des « manquements », c’est bien la
politique du Groupe Avec, propriétaire de la clinique, qui est pointée.
À commencer par celle du sulfureux PDG Bernard
Bensaïd. Après l’hôtellerie et les Ehpad, ce cost killer a jeté son dévolu sur
les cliniques privées, avec la bénédiction de l’État, reprenant Vauban en 2013
pour trois fois rien. Il y instille un management à l’économie, collectionne
les dettes et les litiges parmi les 400 structures et 12 000 salariés
que son groupe revendique. Il est aujourd’hui mis en examen pour prise illégale
d’intérêts et détournement de fonds publics. La fermeture de la maternité de
Livry-Gargan, service peu à peu délaissé, vient s’ajouter à son CV. Une
décision aussi économique que stratégique, la direction misant désormais sur le
développement des activités de chirurgie, bien plus rentables… Mais pour qui ? Sûrement pas pour les habitantes du département, qui voient s’agrandir encore leur désert médical.
L’exemple de Livry-Gargan est édifiant. Plutôt que
d’investir dans un service public de qualité, l’État en vient à livrer notre
santé à des gestionnaires mercantiles, sans aucune garantie de qualité et
de continuité des soins. Rappelons que l’obligation de garantir la santé des
citoyens est inscrite dans le préambule de la Constitution de 1946.
Contrairement aux visées cupides des groupes privés.
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