Depuis ses vœux aux armées et jusqu’à la discussion à
l’Assemblée de la loi de programmation militaire, prévue ce lundi, les éléments
de langage d’Emmanuel Macron se révèlent graves et inquiétants. Et ils le sont,
dans la mesure où ses orientations en matière de défense nationale n’ont
d’autre ambition que de parachever la transformation de nos armées pour «gagner
la guerre avant la guerre». Résultat: 413 milliards d’euros de budget entre
2024 et 2030. Une augmentation historique : le double de la période 2017-2025.
Macron parle d’un «projet de souveraineté nationale». Nous voyons, plutôt, une
sorte de sauvegarde d’intérêts propres articulée à une prétention hégémonique…
La guerre en Ukraine est passée par là, direz-vous.
D’où la ligne idéologique – et politique – du chef de l’État, qui joue sur les
peurs et les réactions va-t-en-guerre. Contrairement à la posture
traditionnelle, qui veut que la défense, comme son nom l’indique, s’occupe de
la protection de nos populations et de nos territoires, nous voilà embarqués
dans le renforcement des capacités de projection extérieure de nos forces
armées, au moment où l’escalade budgétaire en la matière s’observe partout en
Europe, en Asie, aux États-Unis. Officiellement inscrite dans la «boussole de
l’UE» et le «concept stratégique de l’Otan», la doctrine française viserait à
«renforcer le rôle de puissance d’équilibre (…) moteur de l’autonomie
européenne» que jouerait notre pays. Au regard des événements tragiques en
Ukraine, comment ne pas interroger sérieusement cette conception?
Rappelons que ces 413 milliards d’euros doivent servir
en premier lieu à l’«adaptation» de la force de frappe nucléaire dont le budget,
déjà énorme, atteindra des sommets inégalés. Autant dire une faute morale et
une dérive politique, qui contreviennent aux engagements internationaux,
notamment au titre du traité de non-prolifération. Car, pendant ce temps-là, le
très lucratif marché de la mort se porte bien et les industries de l’armement
sont à la pointe de la concentration capitaliste. Question: entendez-vous
encore parler de paix, ou de prévention politique et diplomatique des conflits?
Mais que devient la France ?
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