C’est le plus
souvent, arrivés à l’hiver de nos vies que nos pensées vont vers celles et ceux
qui nous ont apporté aide et soutien dans les moments difficiles, vers les
êtres chers que nous avons aimés. Lorsqu’il arrive que nous mettions les pas
dans les pas de ceux qui nous ont précédé sur cette terre, nous sentons
frissonner l’arbre du silence. Provenait-il de l’arbre dont nous sommes issus ?
Celui de nos parents, de nos familles, de nos ami-e-s les plus cher-e-s, dont
les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond
de nous. Nous ressentons alors, le besoin de faire revivre dans nos mémoires,
ces êtres auxquels on doit tout. Grâce à leur travail, à leur force, à leur
courage et, bien souvent à leur souffrance. Qu’est-ce qui compte, en effet,
dans une vie, sinon la fidélité à des valeurs, à un monde de justice et de
paix, à des êtres à qui nous devons tout, qui nous ont fait ce que nous sommes
? À quoi serviraient les livres s’ils ne portaient pas témoignage de ceux qui
ont aimé, qui ont souffert, qui ont lutté pour eux-mêmes, mais aussi et surtout
pour préparer notre avenir, celui de nos enfants et petits-enfants ? Peu
importe, que parfois, elles aient été banales, ces vies. En vérité, aucune ne
l’est dès qu’elle a subi le choc de l’Histoire en marche, de ses guerres, de
ses malheurs, de ses avancées progressistes ou de ses grandes mutations. Elles
appartiennent à des femmes et des hommes dont le passage sur terre, a laissé
des traces ineffaçables. Des vies qui n’étaient pas plus aisées que celles
d’aujourd’hui, particulièrement pour celles et ceux qui ne possédaient rien,
sinon leurs mains pour travailler. Ces vingt dernières années le monde a changé
à une vitesse folle. Un monde devenu davantage celui du fric, des actionnaires
et de leurs dividendes. Aujourd’hui, on est censé beaucoup communiquer, mais on
ne transmet pas. Cette communication est horizontale, rarement verticale. Les
livres transmettent vraiment, protégeons-les ! C’est peut-être la raison de
leur survie. On ne reviendra pas en arrière et il ne le faut pas. Au reste, la
marche du monde, ne s’est jamais embarrassée des vies minuscules, hier comme
aujourd’hui. Ces vies, ces expériences, ces combats du siècle passé, sont
précieux parce qu’ils constituent un socle sur lequel prendre appui pour
franchir les obstacles. Puiser à leur source doit donner des forces et de
l’espoir pour rendre demain meilleur. La littérature, qui est, avant tout, une
lutte perpétuelle contre l’oubli et le temps, doit, s’attacher à cette mission
grâce à laquelle, espérons-le, elle survivra tout en témoignant du fait que les
humains, comme les arbres, pour pousser haut ont besoin de racines profondes et
vigoureuses.
samedi 13 mai 2023
Nos pensées, contre l’oubli !
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