vendredi 5 mai 2023

« Le droit, la justice », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité.



Sans doute s’attendait-on à la décision du Conseil constitutionnel, qui a rejeté la demande de référendum d’initiative partagée (RIP) déposée pour la deuxième fois par des parlementaires communistes, socialistes et écologistes. Elle n’en est pas moins choquante. On entend que cette demande encore une fois était mal rédigée et argumentée. Alors de deux choses l’une. Ou les députés et leurs collaborateurs sont des cancres ou, comme le relevait l’un d’entre eux, l’article 11 qui encadre cette possibilité constitutionnelle est lui-même rédigé de telle façon qu’il en fait une course d’obstacles. Surtout, on se demande ce qu’il en est de la conformité juridique de la demande quand 9 millions de Françaises et Français, selon un récent sondage, étaient déjà prêts à signer pour la tenue de ce référendum avant même toute décision et toute campagne. On a le désagréable sentiment que le droit, en l’occurrence, s’accorde mal avec la justice.

Il faudrait aussi expliquer aux millions de salariées et salariés qui vont devoir rester deux ans de plus au travail si la reforme est mise en place, comme annoncé dès septembre, en quoi le RIP «ne porte pas sur une réforme relative à la politique sociale de la nation, au sens de l’article 11 de la Constitution». Deux ans de plus, ce n’est pas de la politique sociale! Là encore, droit et justice ne font pas bon ménage. Nest-ce pas plutôt larticle 11 qui est à réformer?

Et qu’en est-il quand on nous explique encore que la taxation des dividendes et autres revenus du capital ne peut pas contribuer au financement des retraites? Quen est-il de l’Égalité, entre ceux qui nont pour vivre que leur salaire et ceux qui vivent du travail de ceux-là, précisément? C’est cela, l’esprit de la Constitution et son accord avec la devise de la République?

Oui, on peut certainement faire valoir tous les arguments constitutionnels justifiant cette décision. Il reste et il restera que la volonté de plus des deux tiers des Français est ignorée, que d’une certaine manière elle est même bafouée. Le 8 juin, après une puissante piqûre de rappel le 6, les députés auront la possibilité de prendre enfin la mesure de ce profond malaise dans la nation et d’y répondre par le vote de l’abrogation du projet. 

 

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