Le gouvernement a sauvé son texte à neuf voix près. La
première ministre va y voir une victoire en ayant le front d’affirmer que la
démocratie l’a emporté. C’est se rassurer à bon compte sur la profondeur de la
crise politique et sociale. Voilà donc le président contre le pays. Le fiasco
est tel qu’il était souligné ces derniers jours dans la presse étrangère, alors
même qu’entre promesses de renvois d’ascenseur et petits arrangements entre
frères faussement ennemis, les ministres avaient été fermement engagés à tout
faire pour acheter les voix de la droite. On le sait désormais, l’illusion
lyrique qui avait accompagné la première élection d’Emmanuel Macron est depuis
longtemps dans les oubliettes de l’histoire. Le « en même temps » prétendument de droite et de gauche est aux yeux de tout
le pays de droite et de droite.
Le roi est nu. Dans le conte d’Andersen, un enfant dit
ce que la foule refuse de voir. Là, c’est le peuple qui le sait. Les habits
neufs de celui qui fut surnommé « Jupiter » sont les vieilles hardes des politiques autoritaires
quand bien même elles se parent des plumes de paon de la modernité. Le pacte
démocratique qui lie un président au pays est rompu. Emmanuel Macron avait dit,
au lendemain de sa réélection qu’il en avait compris les conditions. C’était
pour affirmer par la suite que les électeurs avaient approuvé son programme et
en particulier la réforme des retraites. Mensonge. Plus des deux tiers des
Français y sont opposés et, au premier rang, celles et ceux à qui il rendait
hommage pendant la crise sanitaire, les premiers de corvée opposés aux premiers
de cordée, censés faire ruisseler la richesse. On sait comment.
Contre lui, les jeunes, les rassemblements spontanés
dans toutes les villes de France où des interventions policières injustifiées,
selon les termes même de Philippe Martinez, voudraient donner à voir partout
des extrémistes. Contre la réforme, face au déni démocratique. Contre lui, une
unité jamais vue depuis des années, une vision des syndicats renouvelée dans
l’opinion. Mais avec lui, c’est l’image même de la politique qui est abîmée
durablement, une part de la représentation nationale s’est coupée du pays, le
gouvernement est discrédité. Les jours à venir vont peser lourd. La parole est
au peuple.
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