La ficelle est grosse, et la corde bien usée.
Après avoir ignoré superbement tout dialogue social durant des mois, Emmanuel
Macron, acculé par un mouvement social qui ne faiblit pas d’un iota, se lance
dans une de ces opérations de diversion qu’il affectionne tant. Les gilets
jaunes avaient eu droit à un « grand débat national ». Cette fois, Élisabeth Borne ouvre une « séquence de consultations » où doivent défiler, durant trois semaines, parlementaires, partis
politiques, élus locaux et partenaires sociaux – s’ils viennent. Après avoir
fermé sa porte à double tour, l’exécutif se fait apôtre du dialogue social,
promet une « nouvelle méthode » et « l’apaisement »… On croit rêver.
UNE TENTATIVE D’AMADOUER SYNDICATS ET OPINION PUBLIQUE, SANS RIEN CÉDER SUR
LE FOND.
Ce scénario réchauffé n’est qu’une tentative – pour la
forme – d’amadouer syndicats et opinion publique, de reprendre la main sans
rien céder sur le fond. De toute manière, le porte-parole du gouvernement,
Olivier Véran, a déjà prévenu : « La loi sur les retraites est derrière nous. » Et, aussi fou que cela puisse paraître, il n’y
aura rien à négocier, dans ce comité Théodule, sur le sujet qui jette des
millions de Français dans la rue depuis deux mois. Seuls resteront, encore une
fois, le mépris et le déni. Deux jambes du macronisme qui définissent si bien
cette conception jupitérienne du pouvoir dont le chef de l’État, en dépit de
ses promesses creuses, ne s’est jamais départi depuis 2017.
Emmanuel Macron n’a rien renouvelé des pratiques
politiques. Sa jeunesse n’est qu’un visage. Poussant à l’extrême les dérives
verticales de la Ve République, le voilà drapé, inflexible, dans son
isolement élyséen, réduisant l’expression démocratique à un « cause
toujours » mâtiné de répression, dans le verbe comme dans la matraque, dont
la violence inquiète ONG et
organisations des droits de l’homme bien
au-delà de nos frontières. Les escouades de policiers juchés sur des quads à Sainte-Soline,
fonçant sur la foule, armés de lance-grenades et de LBD devraient faire honte
au chef de l’État. Les cortèges de cette dixième journée de mobilisation se
chargeront de lui rappeler que la volonté du peuple ne se laisse pas aussi
facilement étouffer.
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