mardi 28 mars 2023

« Isolement élyséen », l’éditorial de Laurent Mouloud dans l’Humanité.



La ficelle est grosse, et la corde bien usée. Après avoir ignoré superbement tout dialogue social durant des mois, Emmanuel Macron, acculé par un mouvement social qui ne faiblit pas d’un iota, se lance dans une de ces opérations de diversion qu’il affectionne tant. Les gilets jaunes avaient eu droit à un «grand débat national». Cette fois, Élisabeth Borne ouvre une «séquence de consultations» où doivent défiler, durant trois semaines, parlementaires, partis politiques, élus locaux et partenaires sociaux – s’ils viennent. Après avoir fermé sa porte à double tour, l’exécutif se fait apôtre du dialogue social, promet une «nouvelle méthode» et «l’apaisement»… On croit rêver.

UNE TENTATIVE D’AMADOUER SYNDICATS ET OPINION PUBLIQUE, SANS RIEN CÉDER SUR LE FOND.

Ce scénario réchauffé n’est qu’une tentative – pour la forme – d’amadouer syndicats et opinion publique, de reprendre la main sans rien céder sur le fond. De toute manière, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a déjà prévenu: «La loi sur les retraites est derrière nous.» Et, aussi fou que cela puisse paraître, il n’y aura rien à négocier, dans ce comité Théodule, sur le sujet qui jette des millions de Français dans la rue depuis deux mois. Seuls resteront, encore une fois, le mépris et le déni. Deux jambes du macronisme qui définissent si bien cette conception jupitérienne du pouvoir dont le chef de l’État, en dépit de ses promesses creuses, ne s’est jamais départi depuis 2017.

Emmanuel Macron n’a rien renouvelé des pratiques politiques. Sa jeunesse n’est qu’un visage. Poussant à l’extrême les dérives verticales de la Ve Répu­blique, le voilà drapé, inflexible, dans son isolement élyséen, réduisant l’expression démocratique à un «cause toujours» mâtiné de répression, dans le verbe comme dans la matraque, dont la violence inquiète ONG et organisations des droits de lhomme bien au-delà de nos frontières. Les escouades de policiers juchés sur des quads à Sainte-Soline, fonçant sur la foule, armés de lance-grenades et de LBD devraient faire honte au chef de l’État. Les cortèges de cette dixième journée de mobilisation se chargeront de lui rappeler que la volonté du peuple ne se laisse pas aussi facilement étouffer.

 

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