lundi 1 novembre 2021

 


« Toussaint » (Paul Verlaine)

Ces vrais vivants qui sont les saints

Et les vrais morts qui seront nous,

C'est notre double fête à tous,

Comme la fleur de nos desseins,


Comme le drapeau symbolique

Que l'ouvrier plante gaiement

Au faite neuf du bâtiment,

Mais, au lieu de pierre et de brique,

 

C'est de notre chair qu'il s'agit,

Et de notre âme en ce nôtre œuvre

Qui, narguant la vieille couleuvre,

A force de travaux surgit.

 

Notre âme et notre chair domptées

Par la truelle et le ciment

Du patient renoncement

Et des heures dûment comptées.

 

Mais il est des âmes encore

Il est des chairs encore comme

En chantier, qu'à tort on dénomme

Les morts, puisqu'ils vivent, trésor

 

Au repos, mais que nos prières

Seulement peuvent monnayer

Pour, l'architecte, l'employer

Aux grandes dépenses dernières.

 

Prions, entre les morts, pour maints

De la terre et du Purgatoire

Prions de façon méritoire

Ceux de là-haut qui sont les saints.

 

Paul Verlaine.

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

ÇA PLEURE UN HOMME !

Un homme ne pleure pas, un homme réfléchit, il fait taire son cœur, il est impénétrable.   Voilà ce que disait le vieillard vénérable au c...