Quel
bonheur de lire et relire Zola. La précarité dénoncée par Émile Zola dans le
magistral : "Au bonheur des dames", quand il relate la création des grands
magasins sous le Second Empire fait écho à la logique du « précariat
actuel ». Le romancier explore les changements du travail et nous fait
vivre les transformations des métiers provoqués par l’évolution des modes de
consommation et la spécialisation des tâches. Jeunes, souvent, nous avons
découvert ces classiques. Il faut les relire, adultes. Ce sont des œuvres
extraordinaires qui traitent de thèmes toujours d’actualité. Aujourd’hui,
l’aliénation, l’exploitation des salarié.e.s est différente, mais demeure
toujours présente. L’aspiration au mieux-vivre, au bonheur restent des sujets
universels. Les grandes histoires traversent les siècles. Les mots d’Émile Zola
ont un goût, un parfum, une couleur, un mouvement. Ils fixent dans Germinal,
l’âpreté des combats sans retour. C’était à l’époque, très audacieux de vouloir
attirer l’attention des lecteurs sur la vie des mineurs. Zola a procédé à une
accumulation de documentations. Cette approche sociologique parle vrai. Ce
roman a eu une grande influence. Il s’est inscrit dans la mémoire collective.
Par son talent et son style analytique, Zola a su transformer la vie des
ouvriers en sujet captivant. De ce monde brutal, il a fait émerger de grandes
figures qui ont été autant de modèles pour les écrivains suivants. Par ses
mots, Émile Zola porte la mémoire des libertés à conquérir et l’indispensable
résistance de l’espoir. C’est le combat d’une vie d’écrivain, animé d’une foi
d’humanité. Ses nombreux romans, dont la fresque des ROUGON-MACQUART, ses
nouvelles, son théâtre, ses écrits sur l’art, comme ses poignants plaidoyers, y
scellent l’universalité de l’indomptable auteur dont les indignations et les
interrogations s’avèrent d’une flagrante modernité. Zola observe, dépeint et
analyse la société à l’aune de ses paradoxes, de ses vérités cachées, de ses
souffrances. Et jamais, dans ses combats, il ne minore l’essentiel : la
beauté du vivant. Ainsi, au mépris de sa propre gloire, il se battra pour un
homme qu’il ne connaît pas, le capitaine Dreyfus, au seul nom du droit de la
justice, contre la forfaiture et la raison d’État, s’exposant au harcèlement de
cruelles caricatures. Relisons Zola, et les autres… Balzac, Hugo…
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