Le
match médiatique de la semaine donne la mesure de la médiocrité du
débat politique. A-t-on déjà vu l’Élysée se
fendre d’une vidéo où la présidence cherche à démonter, à la
façon d’un « fact checking », les fake news élaborées de
toutes pièces par CNews et le JDD
contre le label des médias avancé par Emmanuel Macron ?
De mémoire,
jamais. En répondant de la sorte aux
attaques criardes de l’extrême droite et d’une partie de la
droite, le chef de l’État a relancé la machine à clash dont
se gavent les médias bollorisés. In fine, il participe au dévissage
des idées au profit d’une saturation d’outrances qui lobotomisent les
esprits.
La liberté
d’information et d’expression, la liberté de la presse, la vitalité médiatique,
gage de pluralisme et de démocratie, méritent mieux que les grossiers
mensonges érigés en vérité des uns et les tentations liberticides des
autres. Emmanuel Macron assure que la création d’un label des médias,
censé lutter contre la désinformation rampante et la
nuisance des algorithmes, ne relèvera pas de la compétence et du contrôle
de l’État.
Ses mots sont
trahis par ses prétentions : le projet
de holding de l’audiovisuel public de Rachida Dati n’était-il pas une sorte de résurrection de
l’ORTF, inféodée au pouvoir ? L’Arcom – dont le président est nommé
par l’Élysée – qui rappelle à l’ordre Complément d’enquête car
l’émission phare pointe l’iniquité de temps de parole politiques
sur CNews n’est-il
pas un signe d’allégeance aux projets de privatisation et de confiscation du
débat public que souhaite ardemment l’extrême droite ?
Les états généraux de
l’information ont achoppé
sur la fameuse « certification ». Et pour cause,
les organismes existants – connus d’Emmanuel Macron – sont
à bien des égards critiquables. Preuve qu’un label n’est pas
suffisant. L’Élysée ferait bien de s’attaquer aux racines
du mal, celles-là mêmes qui autorisent les porte-flingues de Bolloré à
hurler au retour de la « Pravda » et à l’instauration d’un « ministère
de la vérité » de type orwellien. Le président et
ses prédécesseurs ont laissé filer une dangereuse concentration
médiatique qui agit au service de l’extrême droite.

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