C’est un lapsus révélateur dont Olivier Faure ne s’est
pas rendu compte. Questionné lundi sur ses intentions quant au projet de loi de
financement de la Sécurité sociale (PLFSS), il a déclaré : « Aujourd’hui, la
copie est passable et c’est la raison pour laquelle devant mon groupe, je
plaiderai pour que nous votions pour. » Par « passable », il entendait que
suffisamment de gestes avaient été faits par le gouvernement pour que la copie
soit votée par ses troupes à l’Assemblée nationale, mardi 9 décembre.
Il eût été plus logique de la part d’un dirigeant de
gauche qu’il trouve ce texte « passable » au sens où on l’entend plus
généralement : tout juste moyen, voire médiocre compte tenu des économies qu’il
veut faire sur le dos des plus démuni·es. Mais le premier secrétaire du Parti
socialiste (PS) a décidé d’ouvrir la voie à un autre monde. Et pour la première
fois, un parti d’opposition pourrait voter en faveur d’un texte budgétaire.
Comment comprendre un tel revirement ? Dès le début
des « négociations » avec Sébastien Lecornu – qui pouvaient avoir des raisons
d’être en raison de la composition de l’Assemblée nationale et du renoncement
au 49-3 –, les exigences des socialistes ont commencé à fondre, ouvrant une
brèche à l’intérieur même de la gauche non mélenchoniste. Une simple «
suspension » de la réforme d’Élisabeth Borne a suffi à lever leurs menaces.
Plus tard, leurs « lignes rouges » n’ont cessé de
bouger. Le 19 octobre, dans un entretien accordé à Mediapart, Olivier Faure
évacuait la possibilité d’un vote « pour », mais n’écartait pas l’abstention.
C’est désormais bien le vote « pour » qui est devenu acceptable à ses yeux. Et
ce alors même que la copie budgétaire n’a pas franchement été révolutionnée
depuis notre échange avec le premier secrétaire.
Le PS semble donc volontaire dans la dilapidation du
capital de gauche qu’il avait enfin réussi à se reconstituer depuis 2022,
pensant plus profitable d’essayer d’isoler La France insoumise (LFI). Qu’il
cherche à convaincre les écologistes de le suivre dans cette aventure en
s’abstenant sur le PLFSS pourrait prêter à sourire, si le profit que le
Rassemblement national (RN) pouvait tirer de cette situation n’était pas si
énorme.
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