mardi 9 décembre 2025

« Comment l’extrême droite a digéré la droite républicaine », l’éditorial de Stéphane Sahuc.



Depuis maintenant quelques années, une petite musique court les radios, s’attarde dans les éditoriaux et se répète sur les plateaux télé : le RN serait un parti comme les autres. Marine Le Pen l’affirme. CNews, le JDD et Europe 1 le confirment. Ciotti d’abord, puis Retailleau et enfin Sarkozy valident… et les médias dominants reprennent en chœur. Telle une prophétie autoréalisatrice, le RN serait devenu tellement fréquentable que la droite jette à la poubelle le principe du barrage républicain contre l’extrême droite.

Symétriquement à cette normalisation, la diabolisation de La France Insoumise, à grands coups de procès d’intention, de mensonges et de raccourcis a été le premier pas vers une justification de l’abandon de ce barrage. D’abord en renvoyant ces formations dos à dos, puis en décrétant que le danger principal était la FI, enfin en utilisant les insoumis pour justifier le refus d’appeler à voter pour des candidats de gauche face au RN.

Comme cela a été le cas dans la législative partielle du Tarn-et-Garonne. La dernière étape de ce processus : l’engagement de Nicolas Sarkozy, figure tutélaire de la droite, en faveur d’un rassemblement « sans exclusive et sans anathème ». La messe est dite, la parenthèse ouverte à la fin de l’Occupation se referme. Plus besoin de cordon sanitaire avec les héritiers de la collaboration, la filiation pétainiste revient au premier plan.

Il ne faut pas se laisser embarquer par la fable que l’on nous sert. Ce n’est pas le RN qui est rentré dans le giron de la République mais bien la droite issue de la Libération qui achève d’être digérée par l’extrême droite. Les obsessions de l’extrême droite s’imposent sur l’ensemble de l’échiquier politique de centre et de droite.

Xénophobie, racisme, nationalisme, autoritarisme et violence, haine de l’État social et de la solidarité nationale sont aujourd’hui prônés tant à droite qu’à l’extrême droite. Et comme un symbole ultime de cette fusion politique et idéologique, la servilité absolue face aux riches. En témoignent les réactions scandalisées de Reconquête, de LR et du RN au Cash Investigation dévoilant les méthodes peu reluisantes de Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France.

 

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