vendredi 12 décembre 2025

« Chili : José Antonio Kast dans l’ombre du dictateur Pinochet », l’éditorial de Cathy Dos Santos.



À moins d’un spectaculaire revirement, José Antonio Kast devrait devenir le 40e président du Chili, à l’issue du second tour de dimanche où le chef du Parti républicain jouit du soutien des conservateurs, des libertariens et d’une partie de l’électorat du populiste Parisi. On voit mal comment l’ancienne ministre communiste et porte-drapeau de la gauche unie, Jeannette Jara, pourrait combler ce désavantage. La victoire probable de l’extrême droite est un symbole aussi triste qu’atterrant après l’interminable transition démocratique, atrophiée par l’héritage de la dictature aux 3 300 morts et disparus. Décidément, l’ombre d’Augusto Pinochet ne cesse de hanter ce pays.

Les fils putatifs du bourreau de Santiago ont saturé la campagne de leurs obsessions : l’immigration et l’insécurité. Au diapason d’un Donald Trump, José Antonio Kast a promis expulsions massives et main dure. Sur le plan économique, il assure à ses concitoyens le retour de la prospérité économique et de la rigueur, convoquant là encore sans souffler mot la stratégie de Pinochet. Le putsch de 1973 ne visait pas seulement à renverser la révolution socialiste en germe d’Allende, il a transformé le Chili en un laboratoire du néolibéralisme – inspiré par les théories de Milton Friedman –, qui a réduit les missions de l’État à néant et consacré jusque dans la Constitution le règne des privatisations.

Quatre ans après avoir porté Gabriel Boric et la gauche alternative à la présidence dans le sillage du soulèvement social de 2019 galvanisé par les inégalités criantes, le vote pendulaire des Chiliens est à méditer. Il donne une leçon au pouvoir sortant sur ses erreurs et ses renoncements. Mais pas seulement. En 2022 déjà, le rejet de la nouvelle Constitution, considérée comme l’une des plus progressistes au monde, avait démontré la force de frappe des nostalgiques du pinochétisme et de la réaction en général.

L’absence de travail mémoriel sur les crimes de la dictature a façonné une dangereuse amnésie collective, savamment entretenue par les fascistes 2.0. La machine médiatique privée et le patronat ont déroulé le tapis rouge à José Antonio Kast. L’internationale brune est sur le point de s’offrir un nouveau scalp.

 

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