lundi 4 août 2025

Fraude sociale : Catherine Vautrin stigmatise de nouveau les plus précaires



La ministre Catherine Vautrin a présenté, samedi 2 août, les grands axes du projet de loi prévu visant à faire la chasse aux supposés profiteurs du système. Or, sur les 13 milliards de pertes pour l’État évalués par le Haut Conseil du financement de la protection sociale, seul 1,5 milliard serait le fait des allocataires des minima sociaux.

Revoilà l’épouvantail de la fraude sociale, cette notion fourre-tout qui, de façon chronique, est propulsée sur le devant de l’actualité avec, dans son sillage, son lot d’idées reçues.

En annonçant, samedi 2 août, dans les colonnes du Parisien, un énième plan destiné à traquer les supposés profiteurs du système, la ministre du Travail et de la Santé, Catherine Vautrin, remet une pièce dans la machine à stigmatiser les allocataires d’aides sociales.

En quoi consisteront ces pistes ? François Bayrou avait déjà commencé à en tracer les contours lors de sa présentation de son plan d’économies de 43,8 milliards d’euros en 2026, le 15 juillet, en balisant le terrain pour un projet de loi prévu à l’automne, censé lutter contre « tous les types de fraudes », avec, en vue, une manne de 2,3 milliards d’euros récupérables dès l’année prochaine.

Si Catherine Vautrin assure que ce texte « comportera aussi des mesures de lutte contre la fraude fiscale », les axes énumérés par la ministre ont manifestement dans le viseur le citoyen lambda.

Elles cibleront notamment les allocataires de l’assurance-chômage, dont l’allocation pourrait désormais être « uniquement versée sur un compte bancaire situé en France ou dans l’Union européenne ».

Il s’agira aussi pour l’État d’améliorer « ses capacités de recouvrement » des sommes considérées indues et d’élargir la possibilité, « en cas de fraude avérée », de « demander le remboursement de l’intégralité des sommes indûment perçues, ce qui n’est pas possible aujourd’hui pour le dispositif d’aide au retour à l’emploi, par exemple », détaille Catherine Vautrin.

Elle évoque également, « si cela ne suffit pas », son souhait de donner à la puissance publique la marge de manœuvre nécessaire pour « récupérer l’argent dû en débitant le compte bancaire du fraudeur ».

Ces mesures donneraient par ailleurs les moyens de traquer les éventuels « revenus non déclarés » en permettant aux caisses de Sécurité sociale « d’avoir accès à l’ensemble du patrimoine du bénéficiaire » des prestations sociales.

Dans le viseur également : les transporteurs sanitaires que la ministre voudrait voir « se doter d’un dispositif de géolocalisation et d’un système électronique de facturation intégrée, afin de garantir l’exactitude des kilomètres facturés ».

Si le Haut Conseil du financement de la protection sociale (HCFiPS) évalue à 13 milliards d’euros de pertes par an le montant de la fraude sociale, son rapport, rendu public en septembre 2024, affirme que les ménages ne sont pas les premiers responsables de la fraude sociale, démontant le préjugé largement alimenté par la rhétorique du Rassemblement national et les discours « anti-pauvres » en cours à droite.

Seul un tiers de la fraude serait ainsi attribuable aux assurés sociaux. Les deux autres tiers sont le fait des entreprises, des travailleurs indépendants et des professionnels de santé.

« La part des assurés, et notamment des titulaires de minima sociaux, est faible dans l’ensemble : la fraude au RSA (revenu de solidarité active) sur laquelle se focalise souvent l’attention représente 1,5 milliard d’euros sur l’ensemble de la fraude évaluée (2,5 milliards d’euros si on ajoute la prime d’activité) », assène le rapport.

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