Les mini-krachs boursiers consécutifs aux droits de douane punitifs de
Donald Trump ne sont peut-être que les signes avant-coureurs d’une déflagration
majeure. Avec ses surtaxes décrétées de manière unilatérale, le locataire de la
Maison-Blanche précipite une crise latente, dopée par la financiarisation à
outrance de l’économie.
La Chine, cible privilégiée des « tariffs » pour l’empêcher
d’accéder au rang de première puissance mondiale, annonce qu’elle rendra coup
pour coup. D’autres pays s’engouffrent dans une vaine négociation bilatérale
dont ils sortiront perdants. Trump est résolu à sauver le soldat finance. La
surenchère face au nationalisme protectionniste de Washington serait une
réponse désastreuse.
L’heure n’est pas à la naïveté. Mais elle n’est pas non plus à recycler les
vieilles recettes qui plombent l’activité, comme le préconisent les libéraux.
C’est d’ailleurs le dilemme auquel est confrontée l’Union européenne, après
avoir misé durant des décennies sur un libre-échange concurrentiel et
prédateur. Ses architectes l’ont réduite à un immense marché au détriment de
l’idée même d’un espace commun où primerait le développement humain.
La Commission européenne au pouvoir exorbitant a eu pour seules boussoles
la rentabilité et la solvabilité. Le libre-échangisme, hier encore vendu comme
le stade suprême de la « mondialisation heureuse », est
aux abois. Y voir l’antidote au capitalisme libertarien de Trump serait
également une impasse et les conséquences sociales gravissimes.
Rien n’est écrit d’avance, et encore moins le scénario de la
contre-révolution impériale que veut imposer Donald Trump. Un sursaut est
possible, à la condition de changer le logiciel qui régit le commerce mondial.
Au même titre que les nations ont su s’accorder en 1948 dans le cadre de l’ONU,
en édictant la charte de La Havane fondée sur une coopération mutuelle et
attentive des États (que Washington a eu tôt fait d’enterrer), l’urgence
sociale, économique et climatique pousse à la création d’un nouvel ordre
mondial respectueux des pays. L’interdépendance économique peut être autre
chose que la guerre totale et climaticide de Trump, l’asservissement et la
vassalisation.
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