Elle est restée dans l’ombre, reléguée au second plan d’une actualité
terrifiante surplombée par la chronique quotidienne des massacres à Gaza,
de la guerre au Liban et des exactions en Cisjordanie. Et pourtant. La Syrie
est une pièce majeure de la sinistre partition qui se joue au Moyen-Orient.
L’offensive des groupes armés djihadistes soutenus par Ankara et les
pétromonarchies du golfe Persique en est l’éloquente démonstration.
Une opération éclair, qui vient de faire tomber Alep, deuxième ville de
Syrie, aux mains des islamistes en quelques heures à peine avec, dans son
sillage, plus de 450 cadavres dont des dizaines de civils. La riposte
coordonnée de Bachar Al Assad et de son allié russe n’y aura rien changé. Les
djihadistes ont mis cap au sud, direction Hama, sur la route vers Damas.
Depuis des mois, et plus encore avec l’extension de la guerre de Benyamin
Netanyahou au Liban, Tel-Aviv intensifie ses bombardements en territoire syrien,
déstabilisant un peu plus le régime de Damas. La brèche ouverte par l’offensive
de ce week-end ne sera pas sans conséquence. C’est un tournant dans ce cycle de
violences. Pour les peuples d’abord. Pour les Kurdes, particulièrement, une
nouvelle fois jetés sur les routes de l’exil pour tenter de se mettre en
sécurité plus au nord. Pour la stabilité de toute la région, aussi.
Le Moyen-Orient est devenu pour Benyamin Netanyahou et son allié
états-unien un terrain de jeux sans limites. Pas même celles que lui ordonne le
droit international. Pas même celles que lui impose le cessez-le-feu au Liban
qu’il piétine allègrement. À l’unisson, les États-Unis, la France, l’Allemagne
et le Royaume-Uni appellent à la « désescalade ». La
belle affaire !
Dans leur vaste plan pour refaçonner la région, Tel-Aviv et Washington
frappent tous azimuts. Ils rêvent d’y voir régner leurs intérêts stratégiques
et financiers, au risque d’y voir flotter la bannière noire des pires
obscurantistes. Et au milieu, les civils meurent, par dizaines de milliers, à
Gaza, à Beyrouth, à Alep… Sous le regard hagard d’une communauté internationale
coupable de son inaction.
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