mercredi 2 octobre 2024

« Outrage », l’éditorial de Marion d’Allard dans l’Humanité



Persona non grata. Le terme est lâché et il est lourd de sens. En décrétant, ce mercredi 2 octobre, l’interdiction faite au secrétaire général de l’ONU d’entrer sur le territoire israélien, Tel-Aviv vient de mettre une gifle au visage des Nations unies, et, par ricochet, d’envoyer un avertissement retentissant à toutes les chancelleries du monde.

Benyamin Netanyahou et ses lieutenants d’extrême droite, tout parés de la morgue de ceux qui se croient surpuissants, viennent de franchir un nouveau cap dans l’outrage. « Quiconque est incapable de condamner sans ambiguïté l’attaque ignoble de l’Iran contre Israël (…) ne mérite pas de fouler le sol israélien », a justifié le ministre des Affaires étrangères Israël Katz, qualifiant sans ciller Antonio Guterres de « tache sur l’histoire des Nations unies ».

Depuis des mois, le secrétaire général de l’ONU est dans le viseur de Tel-Aviv. Ses multiples appels aux cessez-le-feu sont systématiquement demeurés lettre morte. « Il faut à tout prix éviter une guerre totale au Liban, la souveraineté et l’intégrité territoriale du Liban doivent être respectées », déclarait encore récemment Antonio Guterres. L’ONU, dans cette guerre, a enterré plus de 220 membres de son personnel. Du jamais-vu. Benyamin Netanyahou a entraîné son pays et son peuple dans un conflit sans fin, au mépris du droit de la guerre, des conventions internationales et des résolutions onusiennes. Et l’insulte, désormais, tient lieu de ligne diplomatique. Jusqu’à quand ce gouvernement restera-t-il impuni ? La guerre régionale dans laquelle Benyamin Netanyahou – et son allié états-unien – fait sombrer le Moyen-Orient menace la stabilité du monde.

Le concert des nations doit accorder ses violons, imposer des sanctions économiques et diplomatiques, décréter un embargo sur les livraisons d’armes. Il en va de la paix, de l’avenir de la région, il en va, surtout, de la sécurité du peuple israélien que la puissance technologique et militaire de son État ne saura indéfiniment protéger. Certes, l’ONU et ses institutions doivent être réformées. Mais la voix des Nations unies et de ceux qui l’incarnent ne doit s’éteindre sous aucun prétexte.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

ÇA PLEURE UN HOMME !

Un homme ne pleure pas, un homme réfléchit, il fait taire son cœur, il est impénétrable.   Voilà ce que disait le vieillard vénérable au c...