mercredi 2 octobre 2024

Nouvelle : « LA CAMPAGNE »



Étendue de pays découverts, tous lieux fertiles hors des villes, battre la campagne, étendue de terrain, zone où les armées se déplacent lorsqu’elles sont en guerre, combattre en rase campagne, lit-on dans le dictionnaire, entre beaucoup d’autres choses, au mot campagne. Allons-bon, la campagne c’est le ciel. Le ciel qu’on voit loin et qui fait le toit vaste de la maison. Le ciel au soir des jours venteux quand le vent est enfin tombé et qu’in extremis la lumière se rassemble, apaisée, lavée mais impitoyable, acérée comme si jamais encore elle n’avait servi et sous elle des genévriers frissonnent comme un mirage. Le ciel est d’un bleu qu’on ne lui a jamais connu. Il émerveille. Là-bas au front des collines il tire au vert. On dirait qu’il va durer toujours, que jamais il ne rentrera dans la nuit, mais comme déjà il fane, l’éternité pour une fois a le goût de ce qui doit mourir. Dans le vacarme de la campagne on entend enfin le peuplier qui tremble, l’impatience des fauvettes, le caquet des perdrix rouges, un merle, une alouette lulu s’échinant à discourir entre les cris hirsutes des geais. L’aboiement des chiens, des voix d’enfants dans le vallon et plus loin l’aigle qui lâche sa plainte brève, aiguë comme une pierre fine, sans compter tout ce qu’on ne sait pas reconnaître. La campagne c’est cette musique, cette agitation des branches, de feuilles et de cris qui s’enfle quand on ferme les yeux.

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