Tiens bon le pinceau, je retire l’échelle. C’est un peu l’apparence
du message adressé à Michel Barnier
par Gérald Darmanin, mais
aussi d’une manière plus feutrée par Gabriel Attal, à propos des velléités de
hausses d’impôts pour les très riches et les grandes entreprises que l’hôte de
Matignon a évoquées. On assiste donc à cette séquence digne d’un mauvais
vaudeville où, aussitôt nommé, le premier ministre est contesté par les deux ex-poids
lourds du gouvernement jouant leur avenir politique comme deux crocodiles dans
un même marigot.
Difficile de ne pas penser que le président de la République est lui aussi
visé. On est alors en droit de se demander ce qu’il peut advenir de ces hausses
d’impôts, au reste bien marginales au regard des ressources fiscales
potentielles du pays. Si jamais elles étaient appliquées, elles rapporteraient
au total une vingtaine de milliards d’euros, ce qui n’est pas négligeable, mais
c’est le moment de rappeler que le montant cumulé des 500 premières fortunes de
France s’établit à plus de 1 200 milliards.
En réalité, on a le sentiment que se profilent quelques débats et
journées des dupes. Si jamais, en effet, le rejet de ces hausses d’impôts par
la droite, par l’ancien ministre de l’Intérieur et par le président du groupe
Renaissance était acté à l’Assemblée nationale, il ne resterait des annonces de
Michel Barnier que les coupes dans les services publics à hauteur de 40
milliards ou encore la hausse des taxes sur l’électricité. Les apparences
seraient sauves, la volonté de justice fiscale serait avérée et le reste
passerait comme une lettre à la poste.
C’est dans ces conditions que les formations du Nouveau Front populaire
vont déposer, aujourd’hui, une motion de censure appuyée en premier lieu sur le
scandale démocratique que constitue la nomination d’un premier ministre dont la
formation politique ne représente que 6 % des voix. « Je suis
dans la main du Parlement », a dit récemment Michel Barnier dans un
exercice de modestie affectée. Ce serait plutôt dans la
main du RN. Marine Le Pen l’a rappelé à sa
façon avec ce message : « Ce n’est qu’à vos actes que nous
vous jugerons et jamais sur la base de postures puériles. Nous entendons plus
que jamais être une force de construction. » On voit comment.
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