mardi 8 octobre 2024

« Le pinceau et l’échelle », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité.



Tiens bon le pinceau, je retire l’échelle. C’est un peu l’apparence du message adressé à Michel Barnier par Gérald Darmanin, mais aussi d’une manière plus feutrée par Gabriel Attal, à propos des velléités de hausses d’impôts pour les très riches et les grandes entreprises que l’hôte de Matignon a évoquées. On assiste donc à cette séquence digne d’un mauvais vaudeville où, aussitôt nommé, le premier ministre est contesté par les deux ex-poids lourds du gouvernement jouant leur avenir politique comme deux crocodiles dans un même marigot.

Difficile de ne pas penser que le président de la République est lui aussi visé. On est alors en droit de se demander ce qu’il peut advenir de ces hausses d’impôts, au reste bien marginales au regard des ressources fiscales potentielles du pays. Si jamais elles étaient appliquées, elles rapporteraient au total une vingtaine de milliards d’euros, ce qui n’est pas négligeable, mais c’est le moment de rappeler que le montant cumulé des 500 premières fortunes de France s’établit à plus de 1 200 milliards.

En réalité, on a le sentiment que se profilent quelques débats et journées des dupes. Si jamais, en effet, le rejet de ces hausses d’impôts par la droite, par l’ancien ministre de l’Intérieur et par le président du groupe Renaissance était acté à l’Assemblée nationale, il ne resterait des annonces de Michel Barnier que les coupes dans les services publics à hauteur de 40 milliards ou encore la hausse des taxes sur l’électricité. Les apparences seraient sauves, la volonté de justice fiscale serait avérée et le reste passerait comme une lettre à la poste.

C’est dans ces conditions que les formations du Nouveau Front populaire vont déposer, aujourd’hui, une motion de censure appuyée en premier lieu sur le scandale démocratique que constitue la nomination d’un premier ministre dont la formation politique ne représente que 6 % des voix. « Je suis dans la main du Parlement », a dit récemment Michel Barnier dans un exercice de modestie affectée. Ce serait plutôt dans la main du RN. Marine Le Pen l’a rappelé à sa façon avec ce message : « Ce n’est qu’à vos actes que nous vous jugerons et jamais sur la base de postures puériles. Nous entendons plus que jamais être une force de construction. » On voit comment.

 

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« Le pinceau et l’échelle », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité.

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