lundi 9 septembre 2024

« Vitrine », l’éditorial de Laurent Mouloud dans l’Humanité.



« Oui je suis petit, métis, unijambiste, et pour en remettre une couche, gay ! » Le coming out, samedi, de l’athlète paralympique Dimitri Pavadé a fait le tour des réseaux sociaux. À la veille de la clôture, ce dimanche soir, des Jeux paralympiques, cette sortie du Réunionnais, spécialiste de saut en longueur, ne pouvait tomber mieux. Comme le symbole d’une compétition où, durant quinze jours, on fêta la différence, le dépassement de soi et la fierté d’assumer d’être ce que l’on est. Le paralympisme a cette vertu unique, celle de nous rappeler qu’il n’y a pas de « normalité » valide. L’exploit et le courage pour atteindre l’excellence sont universels.

La réussite populaire de ces JOP Paris 2024 est, sans conteste, une bonne nouvelle. La couverture médiatique record (165 chaînes de télévision), tout comme le nombre inédit de délégations engagées (168), témoignent d’un progrès dans l’inclusion des personnes en situation de handicap, si souvent reléguées aux marges de nos sociétés. Ces athlètes ont tenu en haleine des millions de téléspectateurs.

Mais reste à savoir ce qu’il survivra de cette parenthèse estivale et enchantée. Quel héritage en matière d’accessibilité, d’accès à l’emploi ou en termes de pratique sportive ? Après les JOP de Londres, en 2012, un afflux de personnes handicapées dans les clubs a eu lieu en septembre et en octobre. Puis le soufflé est vite retombé. Il y a malheureusement fort à parier que Paris 2024 n’ira guère au-delà de cet effet vitrine.

Les politiques garantissant les droits des personnes handicapées – les plus discriminées – se construisent sur le long terme. Avec constance. La situation actuelle – seulement 1,4 % des clubs français sont en capacité d’accueillir des personnes en situation de handicap – montre que ces investissements restent totalement insuffisants. La puissance publique a été capable de mettre 170 millions d’euros sur la table pour permettre à la France de briller lors de cet événement. Cette volonté doit désormais exister au quotidien. Et pas seulement pour faire briller les paillettes de l’olympisme.

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