lundi 9 septembre 2024

À mon instituteur !



Je me souviens de cette salle de classe dans laquelle j'ai passé tant d'heures, au tout début des années 1950. Vous entriez dans la salle, et posiez votre mallette. L'hiver, il faisait sombre. Il était tôt. J'ai toujours aimé votre manière d’enseigner. Parfois, c'était plus dur de se lever, comme pour tout le monde. J’aimais l’école et la perspective de ces heures me réchauffait le cœur. Parce que je savais que j'allais apprendre, et apprendre bien. J'en ai découvert des choses avec vous. Ce que j'aimais, c'était l'enthousiasme que vous communiquiez. Ces heures n'étaient pas faciles, et l'assistance pas toujours volontaire. Mais vous arriviez souvent à les sortir de leur léthargie matinale. J'avais ma place, et j'écoutais. Je suis revenu vous voir, une fois, il y a une bonne vingtaine d’années. C'est la dernière fois que je vous ai vu. Ce sera toujours pour moi un bon souvenir, un souvenir heureux.

Pourtant, je suis triste. Vous faisiez partie de ce petit monde, mon monde de l’après-guerre, qui ne pouvait pas changer et qui ne changerait jamais vraiment, du moins pas si vite, pas si brusquement. Je pense à tous ces élèves que vous avez formé au fil des ans : il doit y en avoir eu des centaines, chacun avec sa vie, à se souvenir de vous avec nostalgie ou un sourire fatigué. En bien ou en mal, vous avez changé notre vie à tous, avec vos mots, vos expressions, vos textes. Je ne connaissais en vous que « Monsieur, le maître », mais je pense que vous avez eu une belle vie, une vie qui compte, qui aide les gens. Vous étiez un bon enseignant, dont on aime à se souvenir.

Vous êtes là, sous mes yeux. Vous marchez, vous parlez. Parfois, vous frappez du poing sur la table pour attirer l'attention, ou vous interrogez quelqu'un au hasard. Vous ne vous découragez pas. Avec vous, je me sentais en sécurité, réfugié dans les mots que j'aime. Vous êtes parti, depuis un bon moment déjà. Bien sûr, c'est dans l'ordre des choses. Mais cela n'empêche pas les regrets.

Je me souviens encore de vous, comme si c’était hier. Je ne vous ai jamais oublié. Je me suis servi de ce que vous m'avez appris.

 

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