Elle avait déjà adoubé l’ex-commissaire européen Michel Barnier. Marine
Le Pen a beau se défendre d’être la DRH de l’Élysée, pas un des 39 membres du
gouvernement n’a été
nommé sans son feu vert. Ce nouvel exécutif formé par les perdants de la
dissolution n’est pas seulement le fruit du coup de force d’Emmanuel M« Sous surveillance », l’éditorial de
Rosa Moussaoui dans acron, décidé à piétiner la démocratie pour
perpétuer des politiques sanctionnées par les Français. Il est le meilleur
marchepied d’un RN sciemment placé en position d’arbitre par ceux-là mêmes qui
en appelaient au « front républicain » pour sauver les meubles dans
leur déroute électorale.
Voilà donc l’extrême droite qui donne le la, place le gouvernement « sous
surveillance », promet la censure au moindre écart. Ses idées sont au
pouvoir, avec des ministres LR tenants d’une ligne ultraconservatrice,
ennemis du mariage pour tous et du droit à l’IVG, adeptes d’une rhétorique aux
relents racistes. Prise dans un calendrier judiciaire incertain, Marine
Le Pen observe, calcule, tire les fils et joue le coup d’après.
En attendant, elle donne son aval au choc austéritaire qui se profile. Sa
conversion à l’orthodoxie budgétaire dictée par Bruxelles ne date pas
d’aujourd’hui : au début de l’année, devant la « dérive des
finances publiques », elle en appelait dans une tribune publiée par le
quotidien des milieux d’affaires les Échos à une « stratégie
de redressement ».
Dans le même esprit, Jordan Bardella a placé sa campagne des européennes
sous le signe du retour à « la raison budgétaire ». Sans
recettes nouvelles ponctionnées sur les grandes fortunes et sur les bénéfices
du CAC 40, la « raison budgétaire » n’est rien
d’autre que le nom de la compression des dépenses publiques, de la démolition
sociale. Macron, Le Pen et Barnier sont d’accord sur l’essentiel : moins
d’argent pour la santé, l’éducation, les services publics, la transition
écologique.
Pour garantir de tels arbitrages, le portefeuille du Budget est ramené dans
le giron de Matignon. Le projet de loi de finances 2025, dont le cadrage reste
encore obscur, doit être présenté au Parlement le 9 octobre, au lieu du 1er,
comme le recommande pourtant la loi organique. Alors que la France est visée
depuis fin juillet par une procédure européenne pour déficit excessif, il devra
d’abord être approuvé par Ursula von der Leyen. Avant l’ultime
imprimatur : celui de Marine Le Pen.
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