vendredi 20 septembre 2024

« Léthargie diplomatique », l’éditorial de Laurent Mouloud dans l’Humanité.



La prouesse technologique prime-t-elle sur le droit international ? La question pourrait se poser au regard des réactions qui ont accompagné la double vague d’attaques menées au Liban les 17 et 18 septembre, faisant plus d’une trentaine de morts et près de 3 500 blessés. « Digne de Misson impossible »« On se croirait dans un James Bond »…

Ce type de commentaires, à la légèreté insupportable, s’est multiplié dans les médias face aux explosions simultanées de bipeurs et autres talkies-walkies censés être entre les mains des miliciens chiites du Hezbollah. Comme si l’inventivité des services secrets israéliens – qui ne démentent pas en être les auteurs – reléguait au second plan la nature profonde de ces actes et les conséquences dramatiques qu’ils risquent d’engendrer.

Car il faut appeler les choses par leur nom. Ces tentatives d’assassinat en cascade, opérées directement sur le sol libanais, au milieu de civils, dans la rue ou les magasins, sans aucune garantie que l’explosion atteigne le propriétaire du dispositif, relèvent du terrorisme que, précisément, Israël prétend combattre.

Une violation du droit international et du droit humanitaire, comme l’a rappelé Völker Turk, haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme. Dans la droite ligne des massacres en cours à Gaza, où l’armée israélienne, sous couvert de lutte contre le Hamas, frappe indistinctement militaires et populations civiles. Le responsable onusien assure que les auteurs de ces opérations « devront rendre des comptes ». Mais, pour le moment, la justice internationale reste sur la touche, en l’absence de pressions suffisantes, notamment des États-Unis.

Cette inertie est funeste alors que la situation n’a jamais été aussi proche de l’embrasement. Les attaques au Liban suggèrent une évidence : la volonté de Benyamin Netanyahou d’ouvrir un autre front après avoir dévasté l’enclave palestinienne.

Contesté dans son pays, le leader d’extrême droite, qui va nommer un nouveau ministre de la Défense plus belliqueux encore, rêve d’une nouvelle guerre pour rester au pouvoir. Et cette ultime provocation a tout de l’étincelle. Face à la folie guerrière, il est du devoir de toutes les puissances de sortir de leur léthargie diplomatique afin d’éviter une escalade incontrôlable et destructrice.

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

ÇA PLEURE UN HOMME !

Un homme ne pleure pas, un homme réfléchit, il fait taire son cœur, il est impénétrable.   Voilà ce que disait le vieillard vénérable au c...