Du coup de menton de la dissolution au coup de
Trafalgar de la nomination à Matignon, il aura fallu attendre plus de cinquante
jours. Plus de cinquante jours d’atermoiements, de parodies de concertations,
de ballons d’essai, de petits calculs et de grosses ficelles, de faux suspense
en somme pour aboutir, en quelques lignes sur un communiqué, à la désignation
de Michel Barnier. Emmanuel Macron vient d’écrire l’épilogue d’un des plus
pathétiques chapitres de la Ve République. Point d’orgue d’une
séquence politique désastreuse où, au déni démocratique, s’est substitué le
mépris manifeste du verdict des urnes. La gauche est arrivée en tête aux
élections législatives. La droite, adoubée par l’extrême droite, s’installe à
Matignon.
Exit la « clarification » et le
« parfum de cohabitation », Emmanuel Macron a fait le choix de la
continuation. Celle d’une politique inique, antisociale, ultralibérale,
patriarcale et anti-immigration, rejetée sans équivoque il y a à peine deux
mois. L’objectif de l’Élysée était clair : rester à la barre et
maintenir son cap, coûte que coûte. Il vient de l’atteindre de la plus piteuse
manière, avec l’aide complaisante d’une extrême droite devenue maître du jeu
politique. Par un funeste coup double dont il faudra savoir apprécier les
conséquences, le chef de l’État parachève la normalisation du RN
et renforce la défiance populaire envers le politique. Le crépuscule du
« en même temps ».
Le macronisme moribond a choisi le RN pour béquille et
la droite conservatrice comme couverture de survie. Pour la démocratie,
l’outrage est immense. La mise au ban de la gauche – et de ses électeurs –
appelle une réponse puissante et unitaire. Le calendrier revendicatif s’étoffe.
Le 7 septembre, à l’initiative des organisations de jeunesse et d’ONG,
rejointes par les formations de gauche, 150 défilés pour la démocratie
s’élanceront dans toute la France. Le 1er octobre, la CGT
appelle à la mobilisation. Et entre les deux, rendez-vous à la Fête de
l’Humanité, là où convergent les forces de progrès, où se confrontent les
projets et s’échangent les idées, où se construisent les alternatives, où le
peuple de gauche regarde vers l’avenir.
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