La crise politique que nous traversons touche à la démocratie elle-même.
C’est d’abord le résultat de sept années de pouvoir d’un président qui s’était
défini lui-même comme jupitérien et qui, des gilets jaunes aux manifestations
contre la réforme des retraites, entre autres, a alimenté les colères et les
frustrations, faisant en même temps du Rassemblement national son
« meilleur ennemi » en l’amenant à plus de 30 % des voix aux
élections européennes. La dissolution n’était pas un coup de poker, mais le
choix d’une recomposition fondée sur une cohabitation avec ce dernier. Avec le
Nouveau Front populaire (NFP) placé en tête, les électrices et électeurs ont
dit non.
Le déni d’Emmanuel Macron face à ce résultat, sa volonté de gagner du
temps en faisant presque comme si de rien n’était, est une atteinte à la
démocratie et aux institutions. L’élection probable du toujours premier
ministre Gabriel Attal à la tête du groupe Renaissance de l’Assemblée nationale
tient d’une confusion inédite entre le pouvoir exécutif et le pouvoir
législatif, quand bien même il pourrait démissionner dans la foulée.
Mais alors qui et pour faire quoi ? La logique et la clarté auraient
été d’annoncer, au lendemain du second tour, que serait nommé une ou un premier
ministre de la formation arrivée en tête, le NFP. En entretenant le flou,
Emmanuel Macron a choisi, là aussi la confusion.
Mais à ce point il faut le dire avec gravité. Ce qui se passe à gauche n’est
pas à la hauteur du vote du 7 juin et de son résultat. Le PS n’a pas voulu
d’Huguette Bello. Elle en a pris acte. Et quoi maintenant ? Le temps mis à
parvenir à un accord est autant de temps gagné pour Emmanuel Macron et sans
doute aussi pour le Rassemblement national. Les forces qui composent
le NFP ont un impératif catégorique.
Ne pas décevoir les espoirs du 7 juin, ne pas reconduire les manœuvres
d’appareil conduisant au rejet des politiques, au « tous les mêmes ».
C’est une responsabilité historique. Beaucoup de temps a été perdu.
Espérons que ce n’est pas déjà trop de temps.
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