mercredi 24 juillet 2024

« LUCIE CASTETS, LA SOLUTION », l’éditorial de Sébastien CRÉPEL dans l’Humanité.



Quel symbole ! Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front populaire (NFP) à Matignon, est une militante du service public, martyr des politiques libérales des dernières décennies. En annonçant son nom mardi soir, une heure avant l’expression prévue du président de la République au JT de 20 heures, le NFP a fait mieux que jouer un bon tour à Emmanuel Macron. Non seulement le chef de l’État s’est fait ravir la vedette par « l’inconnue » de la gauche – en fait bien connue de tous ceux qui partagent ses combats. Mais le NFP le met en demeure de nommer désormais sans délai la nouvelle première ministre pour sortir le pays de la situation de paralysie et de chaos dans laquelle le président l’a plongé à la veille des JO.

Sauf surprise, il était peu probable qu’Emmanuel Macron approuve cette solution pendant le JT. Mais ses appels à la « trêve » olympique des partis politiques résonnent plus que jamais dans le vide, maintenant qu’une issue conforme au vote des Français est sur la table. Si le blocage perdure pendant les JO, l’hôte de l’Élysée en sera l’unique responsable. Non seulement parce que lui seul a pris le risque de dissoudre l’Assemblée nationale à l’orée de l’été, mais aussi parce que, depuis les législatives anticipées, il ne cesse de différer le moment de prendre acte du résultat des urnes qui a placé le NFP en tête. Son appel à la « trêve » n’est rien d’autre qu’une nouvelle manœuvre dilatoire pour prolonger le statu quo actuel, celui de « l’entre-deux » d’un gouvernement soi-disant démissionnaire, qui continue en fait de gérer les affaires et dont les membres bénéficient de la double casquette de député et de ministre, au mépris de la séparation des pouvoirs.

Ce déni démocratique pourrait bien durer jusqu’à la rentrée, voire au-delà. Ce n’est plus alors une crise institutionnelle que la France traverserait, mais une crise de la démocratie elle-même comme on n’en connaît, jusqu’à présent, que dans les régimes où l’autocratie en place refuse de se rendre à la sanction du suffrage populaire. Voilà l’état réel du pays vers lequel les yeux du monde se tourneront dans quelques jours. La « trêve » d’Emmanuel Macron y est le nom du couvercle qu’il referme sur les élections.

 

 

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