La cérémonie d’ouverture, qui a embrasé Paris vendredi soir, a largement
dépassé le cadre des jeux Olympiques. Salué à travers le monde, le spectacle
grandiose, orchestré par Thomas Jolly sur et autour de la Seine, n’a pas été
qu’une simple prouesse technique ou le banal « premier grand moment »
d’une fête sportive.
Il fut un instant de vérité politique où, par la grâce d’un message
artistique et éclectique, les centaines de millions de téléspectateurs purent
voir la France telle qu’elle est réellement : multiculturelle, audacieuse,
riche historiquement de sa diversité infinie. À rebours des discours rances
dont les nationalistes de tout poil nous rebattent les oreilles à longueur de journée.
Quelques semaines après des scrutins marqués par la poussée xénophobe de
l’extrême droite, l’audace du metteur en scène fut un émerveillement visuel
autant qu’un pied de nez salvateur. Combien de personnes ont préjugé d’Aya
Nakamura, avant de frissonner devant la chanteuse swinguant avec la garde
républicaine ? Combien se pinçaient le nez face aux drags queens, avant
d’être emportés par l’irrésistible liberté de Piche, Paloma et Nicky
Doll ?
La large adhésion des Français à cette vision ouverte et positive de notre
pays – beaucoup parlent de « fierté » – gêne aux entournures tous les
réactionnaires dans leur guerre culturelle. On les comprend. Cet enthousiasme
spontané montre qu’une bonne partie des électeurs peuvent être bien plus tolérants
que les formations pour lesquelles ils votent.
L’euphorie d’une soirée n’effacera pas les fractures d’un pays. Les
violences racistes et homophobes, la haine distillée à grande échelle par le RN
et ses relais ne vont pas disparaître par enchantement. En 1998, la France «
black-blanc-beur » semblait tout emporter dans le sillage des Zidane, Thuram et
autres champions du monde. En 2002, un certain Jean-Marie Le Pen accédait
au second tour de l’élection présidentielle. Gare au mirage. Mais ne
sous-estimons pas, non plus, le jalon politique posé par cette cérémonie
inspirante. Souhaitons que cette vérité-là, loin de l’abîme où certains
voudraient nous mener, survive bien au-delà d’une simple trêve olympique.
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