Cerné par les eaux de l’île de Sein, Emmanuel Macron s’échoue sur les rives
de l’inconséquence. Lors de son déplacement, mardi, dans ce haut lieu de la
Résistance, le chef de l’État s’est livré à l’un de ces apartés qu’il
affectionne tant et qui disent tout de lui. Dans la hiérarchie des dangers qui
guettent la France, l’ennemi électoral numéro un, selon lui, n’est pas le RN
mais le Nouveau Front populaire. La cible prioritaire sur laquelle il concentre
ses tirs en piochant, toute honte bue, dans les éléments de langage de
l’extrême droite. Le programme du NFP ? « Totalement
immigrationniste, lâche-t-il. Ils proposent d’abolir toutes les
lois qui permettent de contrôler l’immigration. » Face à une
promeneuse, il actionne, cette fois, le levier transphobe : il y a « des
choses ubuesques (dans le programme du NFP), comme aller
changer de sexe en mairie ». Du Bardella dans le verbe et dans
l’esprit.
Nous en sommes donc là. Acculé par la dynamique du NFP, ce président élu et
réélu au nom du barrage à Marine Le Pen en devient le zélé porte-parole, après
en avoir été le parfait marchepied. Une trahison de ses propres engagements.
Mais aussi de tous ces électeurs de gauche, aujourd’hui diabolisés, qui ont eu
le courage, eux, de voter « Macron », un mouchoir sur le nez. Cette
stratégie du chef de l’État les insulte et ne peut que mettre, au final, du
carburant dans un moteur RN déjà poussé à plein régime.
« Les masques tombent », raillait le chef de l’État, la semaine
passée. Le sien, surtout. Et l’on ne peut que constater avec désolation que son
sauvetage électoral prime sur tout. Il est insupportable, quatre mois après
l’entrée de Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon, de l’entendre renvoyer
dos à dos un Front populaire héritier des combats républicains, antiracistes,
pacifistes et sociaux, et le RN pétainiste et xénophobe. Ce cynisme intégral
d’Emmanuel Macron entretient la confusion des mots et des idées. Il met à mal
la parole politique autant qu’il crache sur l’histoire de notre pays.
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