mardi 28 mai 2024

« Affront » l’éditorial de Marion d’Allard dans l’Humanité.



Que faudra-t-il encore ? Quel niveau d’atrocité, quel degré de souffrance devront endurer les civils de Gaza pour que cessent les massacres ? Les images qui nous parviennent de Rafah sont effroyables. Sur ordre de Benyamin Netanyahou, l’armée israélienne, en bombardant délibérément un camp de déplacés qu’elle-même avait défini comme une « zone sûre », vient de franchir une nouvelle ligne rouge. Depuis sept mois, chaque jour qui se lève sur l’enclave palestinienne est une porte ouverte sur l’enfer. Par dizaines de milliers, les Gazaouis fuient, apeurés, affamés, au gré des incursions terrestres, sous un déluge de bombes, sur un tapis de ruines.

Que faudra-t-il encore ? L’armée israélienne a bombardé les réfugiés de Rafah, quarante-huit heures à peine après la publication d’une ordonnance de la Cour internationale de justice enjoignant Tel-Aviv à mettre un terme « immédiatement » à son opération militaire dans le secteur. Un invraisemblable affront au droit international qui, au-delà de ses conséquences immédiates, doit nous interroger sur ce qu’il préfigure : la délégitimation de l’organe judiciaire principal des Nations unies, dont la mission demeure de garantir une certaine stabilité du monde. Benyamin Netanyahou a eu beau, ce dimanche, se dire « fermement opposé » à la fin de la guerre à Gaza, il n’a pas de totem d’immunité. Le droit international doit être respecté, comme l’ensemble des résolutions de l’ONU que Tel-Aviv piétine depuis trop longtemps.

Que faudra-t-il encore ? Emmanuel Macron s’est dit « indigné par les frappes israéliennes » sur Rafah. « Horrifié », le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, les a condamnées « dans les termes les plus fermes », tout comme les médiateurs dans ce conflit que sont l’Égypte et le Qatar. Joe Biden, lui, s’en est tenu à un silence, qui en dit long. Quoi qu’il en soit, les mots ne suffisent plus. Madrid, Dublin et Oslo s’apprêtent à passer à l’action en reconnaissant l’État de Palestine. Paris s’honorerait à suivre leur exemple. Mais pas seulement. Les civils de la bande de Gaza ne sont pas victimes d’un mauvais sort quelconque. Les livraisons d’armes de guerre sous lesquelles ils succombent doivent être suspendues. De l’embargo sur leur vente et leur exportation vers Israël dépend la vie des Gazaouis.

 

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