Que faudra-t-il encore ? Quel niveau d’atrocité, quel degré de
souffrance devront endurer les civils de Gaza pour que cessent les
massacres ? Les images qui nous parviennent de Rafah sont effroyables. Sur
ordre de Benyamin Netanyahou, l’armée israélienne, en bombardant délibérément
un camp de déplacés qu’elle-même avait défini comme une « zone
sûre », vient de franchir une nouvelle ligne rouge. Depuis sept mois,
chaque jour qui se lève sur l’enclave palestinienne est une porte ouverte sur
l’enfer. Par dizaines de milliers, les Gazaouis fuient, apeurés, affamés, au
gré des incursions terrestres, sous un déluge de bombes, sur un tapis de
ruines.
Que faudra-t-il encore ? L’armée israélienne a bombardé les réfugiés
de Rafah, quarante-huit heures à peine après la publication d’une
ordonnance de la Cour internationale de justice enjoignant Tel-Aviv à
mettre un terme « immédiatement » à son opération
militaire dans le secteur. Un invraisemblable affront au droit
international qui, au-delà de ses conséquences immédiates, doit nous interroger
sur ce qu’il préfigure : la délégitimation de l’organe judiciaire
principal des Nations unies, dont la mission demeure de garantir une certaine
stabilité du monde. Benyamin Netanyahou a eu beau, ce dimanche, se dire « fermement
opposé » à la fin de la guerre à Gaza, il n’a pas de totem
d’immunité. Le droit international doit être respecté, comme l’ensemble des
résolutions de l’ONU que Tel-Aviv piétine depuis trop longtemps.
Que faudra-t-il encore ? Emmanuel Macron s’est dit « indigné
par les frappes israéliennes » sur Rafah. « Horrifié »,
le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, les a condamnées « dans
les termes les plus fermes », tout comme les médiateurs dans ce
conflit que sont l’Égypte et le Qatar. Joe Biden, lui, s’en est tenu à un
silence, qui en dit long. Quoi qu’il en soit, les mots ne suffisent
plus. Madrid, Dublin et Oslo s’apprêtent à passer à l’action en
reconnaissant l’État de Palestine. Paris s’honorerait à suivre leur exemple.
Mais pas seulement. Les civils de la bande de Gaza ne sont pas victimes
d’un mauvais sort quelconque. Les livraisons d’armes de guerre sous lesquelles
ils succombent doivent être suspendues. De l’embargo sur leur vente et leur
exportation vers Israël dépend la vie des Gazaouis.
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