On ne dira pas que la nouvelle réforme de l’indemnisation des privés
d’emploi était écrite d’avance, mais l’intention, elle, était posée de façon
limpide par Emmanuel Macron depuis longtemps. Dès le précédent quinquennat,
lors d’une réunion du Parlement à Versailles, pour être précis.
Oh, certes, il fallait tendre l’oreille, car le président de la
République n’y avait consacré que quelques phrases d’un long discours. Mais il
avait tracé en peu de mots sa vision du devenir de l’assurance-chômage. Et
celle-ci était saisissante, et n’avait rien à voir avec le prétexte de
l’incitation au retour à l’emploi.
Tout commence à l’été 2017, avec la suppression de la part salariale
des cotisations chômage. Le premier ministre Édouard Philippe entonne alors le
refrain du gain de salaire net. Mais, l’été suivant, le chef de l’État convoque
le congrès.
Et ce qu’il expose, le 9 juillet 2018, aux élus de la nation, est très
différent. « Ce que vous avez voté en matière d’assurance-chômage
a supprimé toute cotisation salariale remplacée par la CSG, leur
déclare-t-il. Ceci conduit à transformer la philosophie même de notre
solidarité nationale. » Rien de moins. Et le président de la
République d’appeler à « en tirer toutes les conséquences. Il n’y
a plus un droit au chômage au sens où on l’entendait classiquement ».
En effet, la substitution de l’impôt aux cotisations change le lien de
chaque Français à l’indemnisation du chômage. Puisque aucun
salarié ne cotise plus individuellement mais que tous les contribuables,
salariés ou non, financent le système par la CSG, le droit à prestations est
remplacé par un autre « qu’offre la société » à
laquelle l’allocataire est désormais redevable, explique Emmanuel Macron. Cela
implique « des droits et des devoirs, car chacun est alors
comptable de tous et tous de chacun ».
La porte était ouverte aux abus de pouvoir. Ce ne sont pas seulement
les chômeurs qui sont lésés : c’est l’ensemble des salariés qui sont
dépossédés de leur bien – l’assurance-chômage – après avoir laissé filer –
avec la complaisance d’une certaine gauche favorable à la CSG – la
maîtrise de son financement. C’est celle-ci qu’il faut reconquérir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire