lundi 27 mai 2024

« Abus de pouvoir », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité.



On ne dira pas que la nouvelle réforme de l’indemnisation des privés d’emploi était écrite d’avance, mais l’intention, elle, était posée de façon limpide par Emmanuel Macron depuis longtemps. Dès le précédent quinquennat, lors d’une réunion du Parlement à Versailles, pour être précis.

Oh, certes, il fallait tendre l’oreille, car le président de la République n’y avait consacré que quelques phrases d’un long discours. Mais il avait tracé en peu de mots sa vision du devenir de l’assurance-chômage. Et celle-ci était saisissante, et n’avait rien à voir avec le prétexte de l’incitation au retour à l’emploi.

Tout commence à l’été 2017, avec la suppression de la part salariale des cotisations chômage. Le premier ministre Édouard Philippe entonne alors le refrain du gain de salaire net. Mais, l’été suivant, le chef de l’État convoque le congrès.

Et ce qu’il expose, le 9 juillet 2018, aux élus de la nation, est très différent. « Ce que vous avez voté en matière d’assurance-chômage a supprimé toute cotisation salariale remplacée par la CSG, leur déclare-t-il. Ceci conduit à transformer la philosophie même de notre solidarité nationale. » Rien de moins. Et le président de la République d’appeler à « en tirer toutes les conséquences. Il n’y a plus un droit au chômage au sens où on l’entendait classiquement ».

En effet, la substitution de l’impôt aux cotisations change le lien de chaque Français à l’indemnisation du chômage. Puisque aucun salarié ne cotise plus individuellement mais que tous les contribuables, salariés ou non, financent le système par la CSG, le droit à prestations est remplacé par un autre « qu’offre la société » à laquelle l’allocataire est désormais redevable, explique Emmanuel Macron. Cela implique « des droits et des devoirs, car chacun est alors comptable de tous et tous de chacun ». 

La porte était ouverte aux abus de pouvoir. Ce ne sont pas seulement les chômeurs qui sont lésés : c’est l’ensemble des salariés qui sont dépossédés de leur bien – l’assurance-chômage – après avoir laissé filer – avec la complaisance d’une certaine gauche favorable à la CSG – la maîtrise de son financement. C’est celle-ci qu’il faut reconquérir.

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