Avec les opérations « Place nette XXL », nous voici revenus aux plus
« belles » heures du sarkozysme. L’ancien premier flic de France
était passé maître dans l’art de faire du thème de l’insécurité son fonds de
commerce électoral. À quelques semaines du scrutin des européennes, la minorité
présidentielle, avec son ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin en tête de
gondole, a décidé de remouliner ces recettes éculées.
Depuis trois semaines, l’appareil répressif et judiciaire est ainsi sommé
de mener de vastes et bruyantes opérations de démantèlement des trafics de
drogue un peu partout en France. Avec un souci impérieux : celui de
« médiatiser » autant que possible les résultats – c’est écrit en
toutes lettres dans les directives aux préfets. Les chiffres d’interpellations,
volontairement flous et gonflés, sont égrenés. Et les multiples critiques sur
l’inefficacité de cette stratégie du coup de poing totalement ignorées.
Il est navrant de voir la lutte contre le trafic de stupéfiants réduite à
un outil de propagande. Comme s’il suffisait de mettre un « bon coup de
collier » pour éradiquer cette économie parallèle, ultraviolente, qui
gangrène depuis des décennies la vie de quartiers entiers. Ne nous leurrons
pas. Les quantités saisies ces derniers jours sont ridicules face à l’ampleur
du phénomène. Les interpellés ne sont que les petites mains, esclavagisées par
des réseaux qui les remplaceront dans la minute. La prison qui leur est
destinée est un lieu qui s’accommode très bien de la poursuite à distance du
business.
Tous les spécialistes le répètent en boucle : face à des trafics
organisés aujourd’hui à l’échelle mondiale, cette escalade répressive contre
les consommateurs et les petits revendeurs est inopérante. En plus de perturber
les enquêtes au long cours sur les gros bonnets de la drogue. Mais, pour le
gouvernement, l’important est de donner l’illusion de l’action.
En revanche, il ne faudra pas compter sur lui pour s’interroger sur l’échec
de la stratégie prohibitionniste de la France. Ni sur son refus de penser
d’autres politiques mêlant lutte contre la grande délinquance économique et
financière et lutte contre la misère sociale sur laquelle prospère le trafic.
Des approches qui ont fait leurs preuves, mais dont la discrétion est sans
doute, dans la tête de la Macronie, moins rentable électoralement.
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