Il était temps que le pouvoir mette son nez dans le financement de l’école
privée. L’éphémère ministre de l’Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra,
aura au moins eu le mérite de rouvrir à ses dépens le débat
démocratique sur le financement de l’école
privée. Avec le cas de Stanislas, le rapport de la mission d’information
(qui avait été lancée au printemps dernier), présenté hier à l’Assemblée, a pris une tout autre dimension.
Et le constat est accablant : personne ne sait combien exactement
l’école privée reçoit de fonds publics, ni l’État, ni l’éducation nationale, ni
même la Cour des comptes. Un vrai scandale national. Le ministère de
l’Éducation évoque près de 10 milliards d’euros répartis entre l’État et les
collectivités, sans plus de précisions. Une somme qui serait même sous-évaluée,
selon la mission d’information, qui déplore des contrôles très insuffisants sur
des établissements pratiquant l’entre-soi et le séparatisme social.
Ce rapport n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein. Il intervient
dans une période de grande colère et d’inquiétude du monde enseignant et des
parents d’élèves face au « choc des savoirs » voulu par le
gouvernement, mais aussi face au manque de moyens et de reconnaissance qui
plonge la profession dans une crise profonde. Entre les grèves, les opérations
« collèges déserts », les luttes locales contre les fermetures de
classe… les journées de mobilisation
s’enchaînent comme rarement ces dernières années dans l’éducation nationale.
Mais le pouvoir macroniste reste sourd. Au point que 12 communes de
Seine-Saint-Denis ont publié, mardi, des arrêtés pour mettre en demeure
l’État, afin qu’il lance dans les plus brefs délais un plan
d’urgence dans
leur département, où les élèves perdent une année de scolarité à cause du
manque de professeurs.
Orgie financière pour le privé sans aucun contrôle, d’un côté, pénurie pour
les quartiers populaires de l’école républicaine, de l’autre : le
contraste est édifiant. L’éducation nationale est à un moment de bascule qui
fait écho à l’état catastrophique du secteur de la santé. Comme l’hôpital,
l’école est essorée par les cures d’austérité successives qui rongent tous les
services publics. Emmanuel Macron, qui prétend vouloir « réarmer l’école », est en train d’en faire un champ de
ruines.
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