70 ans après l’appel de l’abbé Pierre lancé au cœur d’un hiver
glacial, on compte 4 millions de mal-logés dans notre pays, le nombre de
demandeurs de logements sociaux atteint les 2,6 millions et a presque
doublé en dix ans, jamais aussi peu de logements sociaux n’ont été
construits depuis vingt-cinq ans et les expulsions locatives atteignent
des records. Sans parler des 330 000 sans-abri et du 115 toujours saturé
qui contraint à dormir dans la rue ceux qui tentent de le joindre. Et que dire
de l’explosion des impayés de charges !
Face à cette crise, les défenseurs du droit au logement attendaient un
signe. Nous avons été servis ! La nomination comme ministre du Logement de
Guillaume Kasparian, l’homme de la loi antisquat, est un coup de barre à droite
toute. L’ancien député est le ministre zélé des propriétaires qui a voulu
mettre en place une peine de six mois de prison pour les locataires sous le
coup d’une expulsion.
Trop, c’est trop ! Avec le coup de canif du premier ministre à la loi
SRU créée, en 2000, par le ministre communiste Jean-Claude Gayssot et qui
impose un quart de logements sociaux aux communes, c’est le séparatisme des
riches qui est en marche. Le masque du gouvernement est depuis longtemps
tombé : « Nous répondrons à la crise du logement en créant un
choc de l’offre », a déclaré le premier ministre avant que le nouveau
ministre ne règle son pas sur le sien en s’exclamant : « De
l’offre, de l’offre, de l’offre ! » Lobby des propriétaires
voire des marchands de sommeil ou dignité humaine, le choix semble fait !
La bombe sociale a déjà explosé, mais la même idéologie et les vieilles
méthodes éculées persistent et confinent à l’aveuglement.
Le logement social n’est pas réservé à une caste d’intouchables mais est un
droit auquel 70 % des Français sont éligibles. Quant à la dernière
trouvaille du gouvernement confiant leur attribution aux maires, c’est une
patate chaude lancée sur nos permanences d’élus tant, depuis des années, l’État
fait les poches des bailleurs sociaux.
Avec la raréfaction des logements sociaux, c’est même prendre le risque
d’une dérive électoraliste à la tête du client ou selon la couleur de peau. En
vingt ans, les 410 000 logements réhabilités par l’Anru et les
164 000 logements sociaux démolis pour 142 000 reconstruits afin de
désenclaver nos quartiers sont peut-être le seul motif d’espoir. Mais pour
combien de temps encore ?
Au fait, Monsieur le Ministre, dans le cadre de la loi copropriétés
dégradées qui arrive au Sénat, les élus locaux portent des propositions pour ne
pas condamner la misère mais ceux qui vivent de celles des autres. Ah si l’abbé
Pierre savait les fractures sociales béantes et la société à deux vitesses qui
se créent ! Lui qui clamait : « Il faut que la voix des
hommes sans voix empêche les puissants de dormir ! »
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