Ces temps-ci, pour démontrer sa solidarité avec les agriculteurs, il est
bon de se livrer au « lynchage d’écolo-gauchistes ». Entendez
par là tous ceux qui critiquent le modèle d’agribusiness. Comme souvent, le
premier de la classe dans ce type d’exercice est Gabriel Attal. Que ce soit
devant son pupitre en bottes de paille ou au perchoir, le premier ministre
s’est fait une spécialité de dénoncer ceux qui, selon lui, expliquent
que « nos agriculteurs sont des ennemis de l’environnement ».
Sauf que, les mêmes qui accusent les défenseurs de l’environnement d’être
les ennemis des paysans sont ceux qui, depuis des décennies, adoptent des
accords de libre-échange qui permettent l’importation en France de produits qui
plombent les productions locales. Pas parce qu’ils sont meilleurs, mais parce
qu’ils sont moins chers à produire du fait de normes beaucoup plus laxistes, et
permettent l’exportation subventionnée de ce que l’on produit, y compris ce
dont on a besoin.
Ce qui prouve, au passage, que le problème de « souveraineté
alimentaire » est un tantinet plus complexe que ce que l’on tente de nous
faire croire. Une quarantaine de ces traités de libre-échange ouvrant la voie à
des importations agricoles et alimentaires à bas prix sont aujourd’hui actifs.
Ce sont encore les mêmes pourfendeurs de « l’écologie
punitive » qui mettent en œuvre les dérégulations
successives qui entraînent la baisse des prix agricoles dans le cadre du
« marché libre » et qui exhortent à l’augmentation de la production
et à l’intensification du travail.
Les véritables ennemis de nos paysans avancent main dans la main avec
Gabriel Attal et Emmanuel Macron. Ce sont eux qui poussent à faire sauter
« les normes ». Pas pour que les paysans gagnent mieux leur vie, mais
pour garantir les marges des gros et des géants de l’agrobusiness, tout en
faisant peser sur les agriculteurs le refus d’augmenter les salaires des
classes populaires.
Ce n’est pas une fin de la crise qui s’annonce. C’est une fuite en
avant irresponsable dans ce système qui paupérise la paysannerie, compresse les
salaires des travailleurs, étouffe la biodiversité, aggrave la malnutrition et
dégrade la santé. Pas sûr que les paysans l’acceptent.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire