lundi 8 janvier 2024

Hommage à Guy AUZOLLES, ce jour, à l’Hôtel de ville



Cher-e-s Nicole, Éric, Christophe, Niaouli

Il est des moments dans la vie, où la peine et la douleur sont telles, que les mots pour les exprimer vous manquent. En ce triste mercredi 21 décembre, m’efforçant de jeter quelques lignes sur le papier, de premiers mots me sont venus à l’esprit : « Avec la disparition de Guy, c’est une page de l’histoire de notre ville qui se tourne ». Ce sont les images de mille souvenirs qui s’entrechoquent, qui se bousculent. 60 années d’échanges, de réflexions, de combats communs, de moments et d’initiatives partagés, ce n’est pas rien. Guy était un homme attachant, apprécié, estimé, respecté par toutes celles et tous ceux qui l’ont connu ou côtoyé. Communiste, Guy était ouvert au débat, attentif à la parole des autres, cherchant toujours à convaincre, à unir, à rassembler. Guy, c’était une vie militante, et quelle vie ! Passionné qu’il était, pour l’histoire et le patrimoine de sa ville qu’il a tant aimée et à qui il a tant donné. Guy  a été élu Conseiller municipal de 1965 à 2001. En présence de ses collègues, il aimait parfois nous taquiner, nous faisant remarquer, toujours avec le sourire, qu’il était le plus ancien. C’était vrai. C’est évidemment lorsqu’il assumera ses fonctions d’Adjoint au Maire, à mes côtés, dix-huit années durant, que j’ai mesuré les qualités qui étaient les siennes, la richesse de sa réflexion et sa contribution au travail collectif. Guy était un homme de culture, dans son sens le plus noble. C’est lui qui fera naître une idée, qui peut paraître un peu folle en ces temps bouleversés, transformer le parc de la Cité Marcel Cachin en une vaste salle de concert en plein-air où des centaines d’habitants écoutèrent et surtout découvrirent la 9ème symphonie de Beethoven. Guy portait un attachement singulier à notre Trianon. Dans un billet, publié en octobre 1992 et intitulé « Moi Trianon », Guy parlait en son nom dans ces termes : « Chaque soir – allez savoir pourquoi – quand après la dernière séance, mes lumières s’éteignaient et les derniers spectateurs me faisaient leurs adieux, des images funestes de bulldozers venus m’anéantir au profit d’un supermarché ou d’une luxueuse résidence – et que sais-je encore – m’assaillaient. Ces images auraient dû être ma dernière représentation, mais j’ai la chance d’avoir vu le jour entre Noisy et Romainville. Je ne savais pas à quel point mes amarres étaient si solidement ancrées. Car ces deux villes ont décidé, contre vents et marées de ne pas me laisser sombrer. Elles m’ont racheté, et peu à peu m’ont donné un nouveau souffle. Grâce à leur aide le 9 mars 1984, je larguai à nouveau mes amarres. Je retrouvais mon ancien public et séduisais de nouveaux spectateurs, tous prêts à s’embarquer pour une des plus grandes aventures de notre siècle, celle du 7ème Art. » C’est joliment dit. Dans l’histoire de notre ville du 18ème siècle à nos jours, que nous conte Guy,  dans ses nombreux écrits, c’est la citoyenneté, la vie démocratique qui retient l’attention. Dans l’un d’eux, en 2015, il nous dit : « Cette ville s’est construite pas à pas, chacun y a laissé des traces qu’il faut garder en mémoire : les cultivateurs du bourg l’ont ancrée dans la terre, les ouvriers l’ont imprégnée de leur esprit de résistance, les chercheurs et laborantines de la légendaire Roussel-Uclaf ont voué son quartier des Bas-Pays à l’industrie pharmaceutique, y ont fait de remarquables découvertes ; les prolétaires ont planté leur drapeau rouge au milieu des Grands-Champs.  À chaque fois, s’est construite, s’est développée une sociabilité, une citoyenneté. Une sociabilité qui s’est appuyée sur une vie associative riche, sur des initiatives citoyennes, politiques ». Guy en a été l’un acteurs essentiels. Avec l’Association pour la sauvegarde du château de Romainville, qui compta jusqu’à 300 adhérents, pour laquelle tu consacreras tant d’écrits, de propositions et de rencontres, aux côtés de Monique, mon épouse à qui tu rendras hommage en août 2019, pour sa ténacité, son courage, son abnégation et son attachement à la défense du patrimoine de notre commune. Et puis au bout, un château disparu dans un incendie. On ne sait comment ! C’est encore Guy qui sera à l’initiative de la création d’un comité pour le prolongement de la ligne 11 du métro. Guy n’était jamais à court d’idées. C’est le 30 mai 1980 que des centaines de Romainvilloises et Romainvillois inaugureront symboliquement une station de métro « grandeur nature » édifiée place du marché. Guy tu ne verras pas son arrivée prochaine, mais tu y auras largement contribué. Plus près de nous, il était fidèle au rendez-vous de l’ASVR pour les journées du patrimoine, faisant profiter les participants de ses connaissances infinies sur l’histoire de notre ville. J’ai eu le privilège et l’immense plaisir de militer avec toi Guy. J’ai apprécié ton intelligence et ta vivacité d’esprit. Le militantisme ne saurait prendre tout son sens sans dimension humaine, sans fraternité. Avec toi, Guy, j’ai eu la chance d’éprouver ces moments fraternels, de nouer une amitié sincère et durable.  Cher-e-s Nicole, Éric, Christophe, Niaouli, avec mes pensées émues je vous assure de toute mon affection. Guy, je ne t’oublierai pas. Tu resteras toujours présent dans mon esprit et dans mon cœur, durant le temps qui me sera imparti puisqu’arrivé, comme l’écrit Aragon, « au bout de mon âge ». Poème qu’interprète si bien Jean Ferrat, dans cette belle Ardèche que tu aimais tant.  Salut Guy.

 

 

 

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