Cher-e-s
Nicole, Éric, Christophe, Niaouli
Il
est des moments dans la vie, où la peine et la douleur sont telles, que les
mots pour les exprimer vous manquent. En ce triste mercredi 21 décembre,
m’efforçant de jeter quelques lignes sur le papier, de premiers mots me sont
venus à l’esprit : « Avec la disparition de Guy, c’est une page de
l’histoire de notre ville qui se tourne ». Ce sont les images de mille
souvenirs qui s’entrechoquent, qui se bousculent. 60 années d’échanges, de
réflexions, de combats communs, de moments et d’initiatives partagés, ce n’est
pas rien. Guy était un homme attachant, apprécié, estimé, respecté par toutes
celles et tous ceux qui l’ont connu ou côtoyé. Communiste, Guy était ouvert au
débat, attentif à la parole des autres, cherchant toujours à convaincre, à unir,
à rassembler. Guy, c’était une vie militante, et quelle vie ! Passionné qu’il
était, pour l’histoire et le patrimoine de sa ville qu’il a tant aimée et à qui
il a tant donné. Guy a été élu Conseiller
municipal de 1965 à 2001. En présence de ses collègues, il aimait parfois nous taquiner,
nous faisant remarquer, toujours avec le sourire, qu’il était le plus ancien. C’était
vrai. C’est évidemment lorsqu’il assumera ses fonctions d’Adjoint au Maire, à
mes côtés, dix-huit années durant, que j’ai mesuré les qualités qui étaient les
siennes, la richesse de sa réflexion et sa contribution au travail collectif. Guy
était un homme de culture, dans son sens le plus noble. C’est lui qui fera
naître une idée, qui peut paraître un peu folle en ces temps bouleversés, transformer
le parc de la Cité Marcel Cachin en une vaste salle de concert en plein-air où
des centaines d’habitants écoutèrent et surtout découvrirent la 9ème
symphonie de Beethoven. Guy portait un attachement singulier à notre Trianon.
Dans un billet, publié en octobre 1992 et intitulé « Moi Trianon »,
Guy parlait en son nom dans ces termes : « Chaque soir – allez savoir
pourquoi – quand après la dernière séance, mes lumières s’éteignaient et les
derniers spectateurs me faisaient leurs adieux, des images funestes de
bulldozers venus m’anéantir au profit d’un supermarché ou d’une luxueuse
résidence – et que sais-je encore – m’assaillaient. Ces images auraient dû être
ma dernière représentation, mais j’ai la chance d’avoir vu le jour entre Noisy
et Romainville. Je ne savais pas à quel point mes amarres étaient si solidement
ancrées. Car ces deux villes ont décidé, contre vents et marées de ne pas me
laisser sombrer. Elles m’ont racheté, et peu à peu m’ont donné un nouveau
souffle. Grâce à leur aide le 9 mars 1984, je larguai à nouveau mes amarres. Je
retrouvais mon ancien public et séduisais de nouveaux spectateurs, tous prêts à
s’embarquer pour une des plus grandes aventures de notre siècle, celle du 7ème
Art. » C’est joliment dit. Dans l’histoire de notre ville du 18ème
siècle à nos jours, que nous conte Guy,
dans ses nombreux écrits, c’est la citoyenneté, la vie démocratique qui
retient l’attention. Dans l’un d’eux, en 2015, il nous dit : « Cette ville
s’est construite pas à pas, chacun y a laissé des traces qu’il faut garder en
mémoire : les cultivateurs du bourg l’ont ancrée dans la terre, les
ouvriers l’ont imprégnée de leur esprit de résistance, les chercheurs et
laborantines de la légendaire Roussel-Uclaf ont voué son quartier des Bas-Pays
à l’industrie pharmaceutique, y ont fait de remarquables découvertes ; les
prolétaires ont planté leur drapeau rouge au milieu des Grands-Champs. À chaque fois, s’est construite, s’est
développée une sociabilité, une citoyenneté. Une sociabilité qui s’est appuyée
sur une vie associative riche, sur des initiatives citoyennes,
politiques ». Guy en a été l’un acteurs essentiels. Avec l’Association
pour la sauvegarde du château de Romainville, qui compta jusqu’à 300 adhérents,
pour laquelle tu consacreras tant d’écrits, de propositions et de rencontres,
aux côtés de Monique, mon épouse à qui tu rendras hommage en août 2019, pour sa
ténacité, son courage, son abnégation et son attachement à la défense du
patrimoine de notre commune. Et puis au bout, un château disparu dans un
incendie. On ne sait comment ! C’est encore Guy qui sera à l’initiative de
la création d’un comité pour le prolongement de la ligne 11 du métro. Guy
n’était jamais à court d’idées. C’est le 30 mai 1980 que des centaines de
Romainvilloises et Romainvillois inaugureront symboliquement une station de
métro « grandeur nature » édifiée place du marché. Guy tu ne verras
pas son arrivée prochaine, mais tu y auras largement contribué. Plus près de
nous, il était fidèle au rendez-vous de l’ASVR pour les journées du patrimoine,
faisant profiter les participants de ses connaissances infinies sur l’histoire
de notre ville. J’ai eu le privilège et l’immense plaisir de militer avec toi
Guy. J’ai apprécié ton intelligence et ta vivacité d’esprit. Le militantisme ne
saurait prendre tout son sens sans dimension humaine, sans fraternité. Avec
toi, Guy, j’ai eu la chance d’éprouver ces moments fraternels, de nouer une
amitié sincère et durable. Cher-e-s Nicole,
Éric, Christophe, Niaouli, avec mes pensées émues je vous assure de toute mon
affection. Guy, je ne t’oublierai pas. Tu resteras toujours présent dans mon
esprit et dans mon cœur, durant le temps qui me sera imparti puisqu’arrivé, comme
l’écrit Aragon, « au bout de mon âge ». Poème qu’interprète si bien
Jean Ferrat, dans cette belle Ardèche que tu aimais tant. Salut Guy.
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