samedi 6 janvier 2024

Guerre à Gaza : Israël lance la bataille « du jour d’après », tout en poursuivant son œuvre de destruction massive



Alors que des ministres d’extrême droite aspirent ouvertement à une recolonisation et à un nettoyage ethnique de Gaza, Israël a dévoilé l’esquisse d’un plan d’après-guerre dans l’enclave palestinienne, dont les ONG présentes sur place racontent le calvaire sans fin.

Alors que son armée poursuit son œuvre de destruction massive à Gaza, le ministre israélien de la Défense a levé le voile sur ses projets « pour le jour d’après » la guerre. Ce plan inclut, selon Yoav Gallant, qui s’est exprimé le 4 janvier, la garantie d’« une liberté d’action » pour Israël dans l’enclave palestinienne face à toute « menace » éventuelle, mais ne prévoit pas « de présence civile israélienne dans la bande de Gaza après l’atteinte des objectifs de la guerre ». Des objectifs qu’il a ainsi énumérés : « retour des otages », « démantèlement des capacités militaires et de gouvernance du Hamas » et « l’élimination des menaces militaires ».

Ce plan aux contours très flous, qui ne dit rien des forces palestiniennes à même d’administrer l’enclave, reste toutefois encore soumis à l’accord du gouvernement de Benyamin Netanyahou, dont plusieurs voix dissonantes parmi les membres de l’aile la plus extrémiste se sont d’ores et déjà, faites entendre.

« Émigration des Palestiniens » : des ministres qui aspirent à un nettoyage ethnique

Le ministre israélien de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir avait appelé, le 2 janvier, à un retour de colons juifs à Gaza après la guerre, et à « encourager » la population palestinienne à « émigrer », alors que 1,9 million de personnes ont été chassées de leur foyer depuis le mois d’octobre.

« La promotion d’une solution encourageant l’émigration des habitants de Gaza est nécessaire. C’est une solution correcte, juste, morale, et humaine », a ainsi déclaré Itamar Ben Gvir, lors d’une réunion de son parti. Des propos qu’il a tenu à rendre publics sur les réseaux sociaux et qui font écho à ceux d’un autre représentant de l’extrême droite au sein du gouvernement de Benyamin Netanyahou, le ministre des Finances et chef du parti d’extrême droite « Sionisme religieux » Bezalel Smotrich.

Ce dernier avait préconisé la veille un retour de colons juifs à Gaza et une émigration de sa population palestinienne, avec une feuille de route déjà chiffrée : « Si nous agissons de manière stratégiquement correcte et encourageons l’émigration, s’il y a 100 000 ou 200 000 Arabes à Gaza et non pas 2 millions, tout le discours du jour d’après (guerre) sera complètement différent. »

Ces appels qui traduisent clairement la volonté d’opérer un nettoyage ethnique dans la bande de Gaza ont suscité une vague de réactions indignées. Hubert Védrine, qui s’est exprimé le 5 janvier, sur le plateau de France Inter, a ainsi jugé que « les Israéliens raisonnent comme les Américains avec les Indiens : ils veulent les faire partir, réinstaller des colons ». Et d’ajouter : « Ils ont tout fait pour qu’il n’y ait pas d’autorité palestinienne, pour pouvoir dire qu’il n’y a pas d’interlocuteur. »

Selon l’ancien ministre des Affaires étrangères, ces propos marquent « le début de la bataille de l’après » par « un gouvernement extrémiste » pour qui il n’y aura « jamais d’État palestinien. »

Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Volker Türk s’est dit pour sa part « très inquiet »« Très troublé par les déclarations de hauts responsables israéliens sur les projets de transfert de civils de la bande de Gaza vers des pays tiers », a-t-il déclaré sur le réseau social X. Il a rappelé que « le droit international interdit le transfert forcé de personnes protégées à l’intérieur d’un territoire occupé ou leur expulsion de ce territoire ».

À Gaza, le calvaire d’une population exsangue

« Je n’ai jamais vu un tel niveau de souffrance et de désespoir dans ma carrière d’humanitaire. » Ces mots sont de Gemma Connell, la chef d’équipe du bureau des affaires humanitaires des Nations Unies, qui a pu entrer dans Gaza, où il n’y a plus « aucun lieu sûr ».

Dans une interview accordée à la chaîne de télévision américaine CNN, elle raconte le calvaire des habitants : « J’ai vu des enfants mourir, j’ai vu une femme accoucher dans la rue à cause des combats terrestres et j’ai vu son bébé mourir. »

De nouveaux bombardements de l’armée israélienne sur la bande de Gaza ont fait des dizaines de morts dans la nuit, selon le Hamas. Des bombardements et tirs d’artillerie violents ont touché au cours de la nuit Khan Younès, grande ville du sud de l’a bande de Gaza l’enclave pilonnée depuis plusieurs jours déjà.

Depuis le 7 octobre, le bilan humain s’élève pour les Palestiniens à 22 438 morts. Parmi ces morts figurent plus de 5 000 enfants.

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