Ce constat ne fera plaisir à personne, et surtout pas à ceux qui
aiment à penser que la France demeure, malgré tout, la patrie des droits de
l’homme. La triste réalité impose pourtant de le reconnaître : notre
pays se comporte avec les syndicalistes comme un de ces États autoritaires où
revendiquer peut mener droit à la case prison.
Dans quelle contrée des hommes en uniforme viennent-ils chercher les
responsables syndicaux chez eux au petit matin, sous les yeux apeurés de leurs
proches ? Où tient-on les dirigeants des organisations représentatives de
travailleurs comme personnellement responsables au pénal des actions
collectives revendicatives, et ce même quand elles n’ont provoqué aucune
violence ? Hélas, nous ne parlons ni de la Hongrie d’Orban, ni de la
Turquie d’Erdogan ou de l’Égypte de Sissi, ni même de la Russie de
Poutine, mais bien de la France d’Emmanuel Macron.
Dans cette répression d’État qui n’hésite plus à viser les leaders syndicaux,
à l’instar de Sébastien Menesplier et de Myriam Lebkiri, tous deux
membres des instances confédérales de la CGT, la centrale de Montreuil est
particulièrement visée. Plus de mille de ses membres sont aujourd’hui
inquiétés. L’affaire est à ce point sérieuse que la secrétaire générale du
syndicat, Sophie Binet, a exigé dans un courrier à la première ministre l’arrêt
des poursuites et une loi d’amnistie pour les militants condamnés.
Pendant que des salariés sont pourchassés pour avoir contesté une réforme
des retraites imposée par un exécutif minoritaire, des milices fascisantes
paradent dans les rues afin de terroriser les quartiers populaires, et les
patrons se sentent les coudées franches pour licencier ceux qui osent
revendiquer.
On ne nommera pas les régimes qu’évoque, dans l’histoire, ce cocktail de
harcèlement policier et judiciaire, d’ultralibéralisme et de décomplexion
d’une extrême droite qui bat le pavé, on nous reprocherait de caricaturer. Mais
certains pourraient se demander pourquoi voter demain si celui qui a été élu
par défaut pour faire barrage au Rassemblement national lui prépare dans les
faits le terrain.
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