Les atrocités commises par le Hamas sur des enfants,
des femmes et des hommes israéliens ont suscité, à raison, une forte émotion en
France. La brutalité aveugle envers des centaines de civils est aussi
insupportable qu’inexcusable. On a d’autant plus de mal à comprendre
l’unanimisme qui se répand chez les responsables politiques quant à la
« riposte » en cours à Gaza. Là aussi, des enfants, des femmes et des
hommes, des civils sont sous les bombes, écrasés sous leur immeuble en ruine,
sans que cela ne suscite l’émoi. Une vie est une vie. Comment peut-on
traquer, le lundi, la moindre ambiguïté dans la condamnation des événements en
Israël et être silencieux sur les morts de Gaza, le jeudi ? Cette émotion
à géométrie variable est intolérable.
Oui, Israël a le droit de protéger ses citoyens,
mais non, aucun État n’a le droit de raser un territoire et ses habitants. Se
souvient-on du temps où toute intervention militaire devait recevoir l’aval
de l’ONU ? Cela ne fait pourtant même plus débat chez les responsables de
la majorité et jusqu’à l’extrême droite. Ainsi, Le président du Sénat,
deuxième personnage de l’État, dans un vibrant discours pour dénoncer le
massacre en Israël, ne juge pas utile de prononcer une seule fois le mot
« palestinien ». N’a-t-on pas compris que cette façon de nier le
problème politique, qui confine à la négation de l’existence même du peuple
palestinien, a ouvert la voie aux terribles événements de ces derniers jours ?
« Le devoir de responsabilité que nous avons
vis-à-vis de cette horreur, c’est de se souvenir que le droit à la légitime
défense n’est pas un droit à une vengeance indiscriminée, qu’il n’y a pas de
responsabilité collective pour un peuple pour les crimes commis par
quelques-uns », dit Dominique
de Villepin, qui est un homme de droite. Pourquoi ceux qui représentent
aujourd’hui le même courant d’idées ne sont pas capables d’en appeler à la
responsabilité, à la mesure et au règlement politique du conflit ? On ne
fait pas le tri entre les humains. C’est un principe indispensable pour sortir
de l’engrenage meurtrier et pour que les deux peuples cohabitent sans plus
jamais revivre les horreurs qui les meurtrissent depuis trop longtemps.
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