Le phénomène est vieux comme la gauche, mais il s’est
accentué avec l’ère des réseaux sociaux. Force vivante en constant
questionnement, la gauche bouillonne de débats, de controverses et de
divergences. Chez elle, l’unité n’a jamais rimé avec uniformité et elle ne
reconnaît « ni Dieu, ni César, ni tribun », ce qui
fait sa diversité et sa richesse. Mais cet atout se mue en faiblesse quand
ses désaccords s’enlisent dans de vaines polémiques. La Nupes s’est
montrée habile dans cet art, ces dernières semaines, au risque d’exaspérer et
de décourager celles et ceux dont le quotidien est miné par l’inflation,
les bas salaires et l’arrogance du pouvoir, et qui ne voient aucun espoir
auquel se raccrocher. Au risque de laisser l’extrême droite capitaliser
sur une colère sans issue.
Deux événements peuvent changer la donne, à gauche,
dans les jours qui viennent. La Fête de l’Humanité sera, cette année encore, le
lieu pour débattre librement et en toute franchise. Et parce que le peuple de
gauche a besoin de perspectives mobilisatrices, quel meilleur cadre que cette
belle Fête, construite d’arrache-pied par les militants communistes, pour cet
autre événement que sera l’appel lancé par Fabien Roussel à investir les
préfectures ? Le mot d’ordre va faire tousser les bien-pensants, mais le
secrétaire national du PCF n’en a cure. Contre la résignation, l’ancien
candidat à la présidentielle martèle le besoin de s’unir pour agir partout
où c’est possible, aussi devant les stations-service, les supermarchés, etc.
Tirant les leçons à la fois de la popularité du mouvement des gilets jaunes et
du rôle incontournable des organisations ouvrières dans la mobilisation
contre la réforme des retraites.
La gauche n’est pas d’accord sur tout, et
défendra des listes et des projets différents aux prochaines élections
européennes. Cela ne doit pas être un obstacle à l’action pour faire bouger les
choses sans attendre, estime Fabien Roussel. « Vient qui
veut ! » nous a déclaré le dirigeant communiste à propos de
l’appel dont il prend l’initiative. Ou comment conjuguer les débats
indispensables à gauche à l’unité immédiate la plus large.
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