Pas en notre nom, s’il vous plaît, Monsieur le
ministre. Ce n’est pas « la France » qui
n’accueillera pas de réfugiés de Lampedusa, c’est vous qui l’affirmez et le
décrétez en vous adressant à « nos amis italiens ». On
connaît la formule.
Avec des amis comme ça, on n’a pas besoin
d’ennemis. Gérald Darmanin feint de croire que l’afflux de réfugiés, ces
jours derniers, à Lampedusa, serait un problème de l’Italie, à régler par
l’Italie. C’est un bras d’honneur adressé à cette dernière aussi bien qu’aux
institutions européennes, alors même que la présidente de la Commission, Ursula
von der Leyen, ce qui n’en fait pas pour autant une figure
révolutionnaire, déclarait aux côtés de la présidente du Conseil italien, à
Lampedusa même, que « l’immigration irrégulière est un défi
européen et a besoin d’une réponse européenne ». C’est aussi, de la
part du ministre de l’Intérieur qui s’en va, répétant « fermeté,
fermeté » comme un mot magique, un déni de réalité.
Giorgia Meloni, il faut s’en souvenir, avait fait
campagne en annonçant l’immigration zéro. En France, la droite et l’extrême
droite en font un argument de campagne contre la « submersion »
migratoire. La belle affaire. Ce que traduit Lampedusa, c’est l’état du monde.
Rien n’empêchera des hommes et des femmes confrontés à la misère, l’oppression
ou la guerre de partir en quête d’un avenir meilleur. Ce qui est en jeu, c’est
le partage d’un monde commun, d’une planète qui est le bien de tous. Que cela
nous plaise ou non, les nations, si elles sont légitimes, ne sont pas des
titres de propriété.
La réponse au défi européen évoqué par madame von der
Leyen, ce n’est pas la construction d’une forteresse, mais de véritables
coopérations avec une lutte déterminée contre les inégalités et la misère,
l’exploitation des peuples et le pillage des ressources, et c’est le défi de
politiques d’accueil à la mesure de cet état du monde et des drames qu’il
engendre. Le gouvernement a voulu faire de sa loi immigration un marqueur de sa
rentrée, faisant signe à la droite et l’extrême droite. Les formations de
gauche et les forces de progrès sont au défi de proposer une autre vision.
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