jeudi 21 septembre 2023

« Lampedusa : Non, Darmanin n’a pas raison », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité.



Pas en notre nom, s’il vous plaît, Monsieur le ministre. Ce n’est pas « la France » qui n’accueillera pas de réfugiés de Lampedusa, c’est vous qui l’affirmez et le décrétez en vous adressant à « nos amis italiens ». On connaît la formule.

Avec des amis comme ça, on n’a pas besoin d’ennemis. Gérald Darmanin feint de croire que l’afflux de réfugiés, ces jours derniers, à Lampedusa, serait un problème de l’Italie, à régler par l’Italie. C’est un bras d’honneur adressé à cette dernière aussi bien qu’aux institutions européennes, alors même que la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, ce qui n’en fait pas pour autant une figure révolutionnaire, déclarait aux côtés de la présidente du Conseil italien, à Lampedusa même, que « l’immigration irrégulière est un défi européen et a besoin d’une réponse européenne ». C’est aussi, de la part du ministre de l’Intérieur qui s’en va, répétant « fermeté, fermeté » comme un mot magique, un déni de réalité.

Giorgia Meloni, il faut s’en souvenir, avait fait campagne en annonçant l’immigration zéro. En France, la droite et l’extrême droite en font un argument de campagne contre la « submersion » migratoire. La belle affaire. Ce que traduit Lampedusa, c’est l’état du monde. Rien n’empêchera des hommes et des femmes confrontés à la misère, l’oppression ou la guerre de partir en quête d’un avenir meilleur. Ce qui est en jeu, c’est le partage d’un monde commun, d’une planète qui est le bien de tous. Que cela nous plaise ou non, les nations, si elles sont légitimes, ne sont pas des titres de propriété.

La réponse au défi européen évoqué par madame von der Leyen, ce n’est pas la construction d’une forteresse, mais de véritables coopérations avec une lutte déterminée contre les inégalités et la misère, l’exploitation des peuples et le pillage des ressources, et c’est le défi de politiques d’accueil à la mesure de cet état du monde et des drames qu’il engendre. Le gouvernement a voulu faire de sa loi immigration un marqueur de sa rentrée, faisant signe à la droite et l’extrême droite. Les formations de gauche et les forces de progrès sont au défi de proposer une autre vision.

 

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