« 18 septembre 1981 : l’abolition de la peine de mort,
il y a 30 ans. Ce jour-là, à l’Assemblée nationale, l’Histoire mettait fin à la
barbarie institutionnelle en France, au pays des Droits de l’homme. Un homme,
Robert Badinter, à la tribune prononça des mots exprimés par tant d’autres
avant lui : dès 1791, ce fut Le Pelletier de Saint-Fargeau, puis Victor Hugo,
puis Jean Jaurès, tous ont combattu cette justice aveugle qui tue au petit
matin. Des hommes qui voulaient que cesse cette terrible histoire de sang et de
vengeance officielle. D’abolition fictive en rétablissement hâtif (en 1810), de
guillotine en peloton d’exécution, jamais la peine de mort n’avait été vaincue,
car jamais l’opinion publique ne s’y était résolue. Si des présidents
abolitionnistes graciaient tous les condamnés, des campagnes de presse
malsaines ranimaient la haine. N’oublions jamais les exécutions publiques qui
donnaient lieu à des scènes dont l’humanité doit encore avoir honte, n’oublions
jamais les femmes « coupables » d’avortements menées à l’échafaud, et
n’oublions jamais que la France a été le dernier pays de la Communauté
européenne à se débarrasser de cette sauvagerie. Et puis est arrivé ce mois de
septembre 1981, où la volonté d’un homme élu par le peuple, un président, et
une majorité politique de gauche n'hésitant pas à braver les sondages faiseurs
de doctrine, fit se lever dans l’Hémicycle l’avocat des causes perdues. Le
Palais Bourbon résonne encore de cette voix forte qui était venue « au nom du
gouvernement de la République demander à l’Assemblée nationale d’abolir la
peine de mort en France… » (À l’âge où la vie se raconte. Pages 81 et 82)
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