« Maman quand je serais grand, je voudrais pas être étudiant », chantait
Renaud en 1981, en dénonçant cette élite de demain vendue à la
bourgeoisie et au capital. Mais depuis Étudiant-poil aux dents, c’est l’immense majorité des jeunes qui peut prétendre au statut
d’étudiant. Quasiment 80 % d’une classe d’âge obtient désormais un bac. Plus de jeunes avec un niveau de formation plus élevé : voilà une bonne
nouvelle pour la société. Le baccalauréat, c’est le premier grade universitaire, le diplôme qui ouvre la voie aux études supérieures. Et
pourtant, des dizaines de milliers de jeunes ne peuvent suivre ce type d’études
et des dizaines de milliers échouent et ne décrochent aucun diplôme.
Pour les réactionnaires de tout poil, c’est bien la
preuve que « le niveau baisse » et que l’on « donne le bac ». La réalité, c’est que, pour les jeunes issus des
couches populaires et d’une partie des classes moyennes, les études postbac
sont devenues quasi impossibles. Aux difficultés financières, qui obligent des
dizaines de milliers d’étudiants à se salarier pour pouvoir financer des études
les conduisant souvent à l’échec s’ajoute désormais l’impossibilité de se
loger.
Les prix des locations explosent et représentent plus
de 60 % en moyenne
du budget d’un étudiant. De
plus en plus de propriétaires choisissent de mettre leur bien en Airbnb
quelques mois plutôt que de louer à l’année. Mais le vrai problème reste
l’absence, le refus même, de mettre en chantier une politique de construction
de logements étudiants. Et ce depuis des années. À tel point que seule une
infime minorité des étudiants boursiers réussissent à obtenir une chambre
universitaire. Pour les autres, les études riment avec enfer avant même d’avoir
commencé. Cet enfer que connaissent nombre de leurs condisciples qui ne
rentrent pas dans les critères pour obtenir des bourses. La résolution du
problème du logement étudiant ne peut venir que d’une politique nationale :
construction de résidences
universitaires, obligation d’un quota de
logements étudiants dans les constructions d’immeubles neufs,
encadrement des loyers, augmentation du nombre et du montant des bourses,
encadrement du locatif saisonnier, allocation d’autonomie pour les jeunes… Pour
des dizaines de milliers d’entre eux, c’est leur avenir qui se joue. C’est
aussi celui de notre pays.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire