Un match peut en cacher un autre. À peine
avaient-elles brillamment battu les Anglaises en finale de la Coupe du monde de
football, le 20 août, que les Espagnoles ont entamé un bras de fer contre
le machisme et les « baisers forcés ». En pleine
fête, encore sur le terrain, devant un public de 80 000
personnes et des millions de téléspectateurs, Luis Rubiales, président de la Fédération espagnole de football, attrape à deux mains la tête de la joueuse Jenni Hermoso et lui impose un baiser sur la bouche. Lui
plaide l’euphorie de la victoire, mais rien ne saurait justifier une agression
sexuelle et un tel sentiment d’impunité.
« À aucun moment je n’ai consenti à ce baiser.
Je me suis sentie vulnérable et victime d’un acte impulsif, sexiste et hors de
propos sans aucun consentement de ma part », a réagi la footballeuse. Le
scandale, depuis, n’en finit plus en Espagne, tant s’affrontent, d’un côté,
Luis Rubiales qui refuse mordicus de démissionner, de l’autre, un
mouvement de fond qui gagne de plus en plus de terrain.
Le hashtag #SeAcabó (c’est terminé) fleurit sur les
réseaux sociaux, doublé de la mention « contigo compañera » (avec toi
camarade), à l’adresse de
Jenni Hermoso. Les 23 championnes du monde en titre, ainsi que 58 joueuses ont
annoncé qu’elles
refuseront de porter le maillot de la Roja tant que Rubiales restera en poste.
D’anciennes gloires du football masculin, comme Iniesta et Casillas,
soutiennent les joueuses, tout comme l’actuel international Borja Iglesias, qui
a lui aussi décidé d’abandonner la tunique rouge.
Si la fête populaire liée au triomphe sportif semble
avoir été écartée, c’est que la société espagnole tout entière s’empare d’un
combat encore plus important à mener. Le gouvernement de gauche, comme la
droite, est monté au créneau contre Luis Rubiales. La Fifa pourrait durcir les
sanctions déjà prises. Et au sein de la très masculine RFEF, qui applaudissait
encore Rubiales lors d’un discours vendredi dernier, les présidents des
fédérations régionales l’appellent depuis lundi soir à démissionner. La
citadelle machiste, elle, n’en finit plus de trembler.
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