Les crises s’enchaînent. Elles appellent à tout revoir
dans les politiques menées par un gouvernement qui danse au-dessus du volcan.
Mais Emmanuel Macron, après avoir tergiversé, a décidé de prolonger le bail de
sa première ministre, et prévoit de s’en justifier lors d’une allocution en fin
de semaine. Le président de la République tentera sans doute d’expliquer
qu’Élisabeth Borne a mené à bien les chantiers qui lui ont été confiés. Mais la
raison est tout autre : pourquoi changer de première ministre quand le principal responsable du marasme
actuel se trouve à l’Élysée ? Pourquoi
changer quand aucun changement de méthode (ou même de
politique) n’est programmé ? Pourquoi changer si c’est pour à nouveau brandir le 49.3 dans tous les sens ?
Après la révolte dans les quartiers populaires, les
plus droitiers poussaient Emmanuel Macron à nommer Gérald Darmanin à Matignon.
Mais cette carte ne lui apportait en réalité aucune garantie d’obtenir les voix
qui lui manquent sur les bancs LR. Elle aurait renforcé le poids d’Éric Ciotti,
prêt à toutes les surenchères, au risque de s’aliéner une partie des
macronistes. Le camp présidentiel reste donc dans l’impasse. Et préfère faire
parler l’autoritarisme de la V e République plutôt que de
s’en remettre au Parlement. Tout, depuis juillet 2022, montre que l’exécutif
est terrorisé à l’idée de laisser les députés, représentants de la nation,
trancher les débats dans leur diversité. Ils n’ont même pas pu examiner le
budget en entier, passé par 49.3, ni se prononcer sur la réforme des retraites,
elle aussi adoptée lors d’un coup de force contre tout un pays.
Pourquoi changer de première ministre alors, si c’est
pour continuer de malmener la démocratie et la République sociale ? Pourquoi
changer, si les cent jours « d’apaisement » n’engagent personne ? Si la colère qui s’est exprimée à la suite de la mort de Nahel n’invite à aucune réforme d’ampleur, ni à aucune
mesure pour la justice sociale ? Pourquoi changer, si c’est pour continuer de frapper au portefeuille de chacun en catimini, avec
la fin du bouclier tarifaire sur l’énergie décidée en plein été ? Pour rien.
Alors, s’est dit Emmanuel Macron, autant ne rien changer pour
que rien ne change.
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