Le 3 décembre 1936, le député communiste et
rédacteur en chef de l’Humanité Paul Vaillant-Couturier monte
à la tribune de la Chambre. Au cœur de son intervention, la problématique de la
concentration des médias entre les mains de quelques puissances industrielles
et financières et ses conséquences sur la démocratie. « Contre les trusts, il faut protéger et l’opinion et la profession de
journaliste », explique le député. Pour cela, il demande des lois qui « puissent assurer aux journaux des moyens normaux d’existence qui les obligent à rendre publique l’origine de leurs ressources, (…) et qui empêchent
enfin la constitution de trusts de presse ». Il faudra attendre la
Libération, le 26 août 1944, pour que des mesures allant dans ce sens
soient adoptées. Elles vont tenir jusqu’en 1986 et la privatisation de TF1.
Depuis, les milliardaires sont à la fête.
L’épisode JDD/Lejeune met en lumière le cas Bolloré,
qui n’est que la forme la plus aboutie de cette concentration. Le milliardaire
contrôle Canal Plus, C8, CStar, CNews, Hachette, Prisma Media, Gameloft,
Europe 1, le JDD, Paris Match. Il fait taire ses
opposants en interne, et engage des procédures judiciaires quasi systématiques
contre tous ceux qui osent écrire, parler, enquêter sur son système. L’objectif
est idéologique : rendre majoritaire les idées racistes, anti-immigrés, homophobes, antiféministes.
Si le cas Bolloré illustre jusqu’à la caricature les
dangers pour la démocratie et le pluralisme, ces fondamentaux sont tout autant
mis à mal par la mainmise d’autres milliardaires sur d’autres organes de
presse. Les exigences de Paul Vaillant-Couturier pour garantir le pluralisme
face aux trusts de presse restent d’actualité. Faire vivre l’Humanité comme
un média global culturel et d’information (quotidien, magazine, site Internet,
chaînes vidéo, Fête) totalement indépendant des puissances industrielles et
financières est un combat permanent. Depuis bientôt cent vingt ans, grâce à ses
lecteurs, ses amis et à tous ceux qui restent attachés au pluralisme, elle est
un gros caillou dans la chaussure des puissants.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire