mardi 27 juin 2023

« La créature », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité.



Il ne faut pas beaucoup d’imagination pour penser à la créature du docteur Frankenstein. C’est bien Vladimir Poutine qui a fabriqué Prigojine, qui l’a élevé dans tous les sens du terme et a fait de l’ancien fournisseur des cuisines des armées son propre bras armé, devenu le chef d’une milice de 25 000 soudards recrutés dans les prisons et formés aux méthodes les plus brutales. On se souvient de cette vidéo où un de ses mercenaires abat un homme avec une masse…

Celui qui fut nommé, non sans ironie, «le cuisinier du Kremlin» est devenu indispensable à un pouvoir ne connaissant que la force. Sur le front ukrainien, mais aussi en Afrique où la Russie entend étendre son champ dinfluence en damant dailleurs le pion à la France et en multipliant les exactions de tous ordres, exécutions sommaires, pillages, viols, en toute impunité. Le week-end n’a rien changé à cela. Poutine a toujours besoin de Wagner. C’est la raison sans doute pour laquelle a été conclu une sorte de deal mafieux laissant libre Prigojine, quand des opposants, ne serait-ce qu’en paroles, filent tout droit en prison et y restent.

Les raisons de l’aventure à ce jour restent obscures. Les États-Unis qui étaient, semble-t-il, au courant depuis dix jours ont juré n’y être pour rien. Quoi qu’il en soit, quiconque trouverait un caractère positif à cette rébellion ferait grandement fausse route. Poutine en sort-il affaibli ou renforcé? On peut spéculer à loisir, mais ce qui semble certain, cest quil ne lâchera rien dans sa guerre, quelle lui est nécessaire pour se maintenir au pouvoir. Ce qui paraît tout aussi certain, c’est qu’une Russie en implosion irait au chaos, devenant une menace toujours plus importante pour la paix du monde. La situation appelle d’apaiser tous les facteurs de tension. Palestine, Turquie et Arménie, bien sûr Chine et États-Unis. L’Europe elle-même, qui voit les droites et les extrêmes droites prendre de plus en plus de poids, n’est pas un facteur de stabilité. Les instances internationales de l’ONU d’abord, du G7 ou du G20, doivent jouer un autre rôle que celui où l’on se tape dans le dos entre grands dirigeants au mépris du reste du monde. La raison le veut mais pour l’exiger, il n’y a que les peuples.

 

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