J’aime
la magie des aubes d’été, quand je découvre la lumière qui vient de naître et
que chaque fois monte en moi l’impression que le monde est neuf, qu’il m’attend
pour m’offrir ce qu’il possède de meilleur. J’ouvre la fenêtre pour ressentir
la caresse des rayons du soleil, pour écouter les oiseaux s’émerveiller d’être
en vie. Les matins de pêche, je quitte la maison alors que la nuit rôde. Je décampe
vers le lac en me hâtant afin d’arriver avant le jour. Une fois à destination,
je le devine à une pâleur qui l’annonce. Ce n’est pas l’aube, c’est l’aurore,
l’instant magique. La lèvre lumineuse du ciel s’agrandit doucement, déborde
jusqu’à faire pâlir l’ombre étendue sur les prés et les champs. L’eau se met à
fumer, et, très vite, à pétiller. La lumière grignote l’ombre. L’aube est là.
De longues nappes de brume s’accrochent aux rives puis montent lentement et se
dissolvent enfin dans l’air qui resplendit dans un foyer d’argent. Les poissons
gobent les éphémères, morts pendant la nuit. Je m’assois et contemple le monde
né de cette aube si belle, où des éboulis de silence soulignent le murmure de
l’eau. J’attends, j’écoute. Des chevaux hennissent dans les prés là-bas,
derrière un rideau de frênes. Des coqs s’interrogent dans des fermes isolées que je n’aperçois pas. La
lumière peu à peu tourne de l’argent à l’or. Je regarde, j’accueille la vie en
train de naître. Incapable de me lever, de me soustraire à la beauté de la
lumière, jusqu’à ce que le soleil chauffe trop. Alors, seulement, je commence à
pêcher, puisque je suis venu pour ça. J’attends, le cœur battant, que le
poisson se manifeste. Après plusieurs lancers, la touche enfin ! J’ai
ferré trop tôt. Mon instinct m’a fait deviner l’ombre du poisson, le petit
remous qui s’est dessiné sous l’appât. Le soleil surgit et tout
s’embrase : l’eau, les arbres, les rives et le ciel. Les poissons ont
achevé leur festin. Je n’ai rien pris. Je me suis mis à pêcher trop tard.
mercredi 31 mai 2023
Nouvelle : « Aube d’été »
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