J’aime
la magie des aubes d’été, quand je découvre la lumière qui vient de naître et
que chaque fois monte en moi l’impression que le monde est neuf, qu’il m’attend
pour m’offrir ce qu’il possède de meilleur. J’ouvre la fenêtre pour ressentir
la caresse des rayons du soleil, pour écouter les oiseaux s’émerveiller d’être
en vie. Les matins de pêche, je quitte la maison alors que la nuit rôde. Je décampe
vers le lac en me hâtant afin d’arriver avant le jour. Une fois à destination,
je le devine à une pâleur qui l’annonce. Ce n’est pas l’aube, c’est l’aurore,
l’instant magique. La lèvre lumineuse du ciel s’agrandit doucement, déborde
jusqu’à faire pâlir l’ombre étendue sur les prés et les champs. L’eau se met à
fumer, et, très vite, à pétiller. La lumière grignote l’ombre. L’aube est là.
De longues nappes de brume s’accrochent aux rives puis montent lentement et se
dissolvent enfin dans l’air qui resplendit dans un foyer d’argent. Les poissons
gobent les éphémères, morts pendant la nuit. Je m’assois et contemple le monde
né de cette aube si belle, où des éboulis de silence soulignent le murmure de
l’eau. J’attends, j’écoute. Des chevaux hennissent dans les prés là-bas,
derrière un rideau de frênes. Des coqs s’interrogent dans des fermes isolées que je n’aperçois pas. La
lumière peu à peu tourne de l’argent à l’or. Je regarde, j’accueille la vie en
train de naître. Incapable de me lever, de me soustraire à la beauté de la
lumière, jusqu’à ce que le soleil chauffe trop. Alors, seulement, je commence à
pêcher, puisque je suis venu pour ça. J’attends, le cœur battant, que le
poisson se manifeste. Après plusieurs lancers, la touche enfin ! J’ai
ferré trop tôt. Mon instinct m’a fait deviner l’ombre du poisson, le petit
remous qui s’est dessiné sous l’appât. Le soleil surgit et tout
s’embrase : l’eau, les arbres, les rives et le ciel. Les poissons ont
achevé leur festin. Je n’ai rien pris. Je me suis mis à pêcher trop tard.
mercredi 31 mai 2023
Nouvelle : « Aube d’été »
« Un 49.3 déguisé », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité.
La ficelle est usée jusqu’à la corde, mais les
macronistes n’ont pas fini de tirer dessus. Ceux qui prétendaient il n’y a pas
si longtemps, incarner le « renouveau » de la vie politique rejouent le coup de
l’article 40 de la Constitution, une arme classique des gouvernants de la
Ve République et de leurs soutiens pour museler les oppositions. Or, on
sait que la mauvaise foi est reine chez ceux qui s’érigent en gardien de la « charge publique » pour
interdire aux propositions gênantes de
venir en discussion. Déjà sur les retraites, en 2003, des amendements
communistes n’avaient jamais pu arriver en séance au nom du coût du papier sur
lequel il aurait fallu imprimer les rapports complémentaires qu’ils
demandaient. Ce qui en dit assez sur la bouffonnerie de cette procédure d’un
autre âge.
Cette fois, pourtant, les macronistes ont innové en
cherchant à faire obstruction au débat d’une proposition de loi inscrite de
plein droit par un groupe parlementaire dans le temps qui lui est réservé. Un
usage inédit de cette censure en forme de 49.3 déguisé, puisqu’il s’agit
d’empêcher les députés d’adopter un texte, lequel abrogerait celui qu’ils n’ont
pas pu rejeter, faute d’avoir été autorisés à voter sur la réforme des
retraites.
Derrière ce nouveau coup de force se joue en réalité
une question simple mais décisive : est-ce encore la majorité des députés qui fait la loi, comme le prévoit justement la Constitution ? Ou bien
une minorité appuyée sur un exécutif qui abuse à son profit des ressources que lui confère sa position ? Si cette proposition de loi du groupe Liot provoque
de tels remous dans le camp présidentiel, c’est uniquement dû à la perspective
très crédible que le texte soit voté en séance le 8 juin. L’argument
constitutionnel est nul et non avenu, d’autant que ceux qui le brandissent sont
juges et parties. Que leur manœuvre réussisse, et la Loi fondamentale sera à
nouveau sur la sellette. On ne l’écrit jamais assez : on attend
d’une Constitution qu’elle protège les citoyens des abus de pouvoir. Pas qu’elle les facilite en servant d’arsenal à un exécutif absout par des « sages » tout sauf impartiaux.
mardi 30 mai 2023
« À l’estomac », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité.
La ministre de la Culture a été « estomaquée par le discours si injuste » de Justine
Triet lors de la réception à Cannes de sa Palme d’or (lire aussi page 9). Il est
vrai que la réalisatrice n’a pas manqué d’estomac en évoquant la bataille des retraites avec l’attitude « choquante du gouvernement » et la « marchandisation » de la culture à laquelle le cinéma n’échappe
pas. Mais ce qui est estomaquant, c’est la réaction de Rima Abdul-Malak : « Ce film n’aurait pu voir le jour sans notre modèle français de financement du cinéma. » Possible, mais Justine Triet aurait dû se taire,
remercier tout le monde et aussi le ministère ?
Un peu d’histoire. Le Centre national de la
cinématographie est créé en 1946, avec un vote de l’Assemblée nationale, dans
une grande période de reconstruction de la France. La même année, le Festival
de Cannes, dont la CGT est cofondatrice, va donner le grand prix international
de la mise en scène à la Bataille du rail, de René Clément,
évoquant la résistance des cheminots. Avec ses propos et à sa manière, Justine
Triet a défendu une certaine conception du cinéma, de son ambition, du rôle des
artistes et de la création.
À cet égard, au-delà de la ministre, la réaction d’une
partie du monde politique est éclairante et affligeante. Le maire de Cannes,
David Lisnard, figure des Républicains, a déploré « une seule complainte, celle de la réalisatrice française, au discours d’enfant gâtée et si conformiste ». On entend la petite musique misogyne mais, surtout, à l’image d’autres
réactions macronistes ou de droite, cette demande aux artistes d’être glamour
sur le tapis rouge, de faire de jolies choses et, sinon, de se taire. C’est
aussi ce que demandait, il y a peu, l’extrême droite, en voulant que soit
censurée une peinture au palais de Tokyo de l’artiste Miriam Cahn, évoquant des
abus sexuels en temps de guerre. De Goya, avec le Tres de Mayo, à Guernica,
en passant par les Massacres de Scio de Delacroix ou
encore la Barricade de Manet, la grandeur de l’art est
aussi, pas seulement mais aussi, d’être pleinement de son temps, et la grandeur
des artistes, c’est de le dire, comme le firent en 1968 Godard et
Truffaut… à Cannes.
lundi 29 mai 2023
Ecrire une histoire !
Écrivons une
histoire pour apaiser le monde », pour que les êtres humains aient moins peur,
moins faim, moins froid, pour leur offrir de l’espoir, de la douceur, des rêves
de lumière, une lumière non pas criarde, blessante, aveuglante, mais une
lumière qui est joie, amour beauté, solidarité, une lumière qui soigne,
embellit, enchante, une lumière rayonnant pour tous les cœurs, pour que les
racines de la misère, de la violence se dessèchent et deviennent poussière,
pour que se dissipent les ténèbres et que brûle la haine. Oui il faudrait que
nous écrivions cette histoire, que nous trouvions les mots justes, peut-être
des mots-musique, des mots-partage, des mots-chemin, des mots-étincelle. Même
une histoire sans queue ni tête, juste avec un cœur, sculpté dans la
lumière….d’une promesse.
« Cynisme fiscal », l’éditorial de Maud Vergnol dans l’Humanité Magazine
C’est l’obsession maladive des plus riches : échapper au prétendu « matraquage
fiscal ». C’est aussi le comble du cynisme libéral : faire
croire aux autres que baisser leurs impôts améliorera significativement leurs conditions de vie. Ce
mantra, Emmanuel Macron ne cesse de le décliner sur tous les tons. En recherche désespérée de
popularité, il a annoncé, le 15 mai, une future baisse de
2 milliards de l’impôt sur le revenu pour les « classes
moyennes ». Cette
mesure, qui demeure extrêmement
floue, n’aidera pas beaucoup le « pouvoir d’achat » des Français. Si le locataire de l’Élysée veut réellement l’améliorer, qu’il s’attaque aux inégalités de patrimoine, à la
spéculation, et qu’il pousse à l’augmentation des salaires !
Emmanuel Macron s’enorgueillit d’avoir déjà réduit les
impôts, lors de son premier quinquennat, de 50 milliards d’euros (la
moitié de cette baisse concerne les entreprises). Depuis sa réélection, il a
encore engagé une quinzaine de milliards d’euros de baisses, avec notamment la
suppression de la contribution à l’audiovisuel public. Faute de taper au
portefeuille des plus fortunés, les recettes de l’État fondent comme neige au
soleil, ce qui obère d’autant le financement de la solidarité
nationale. Ce qu’il donnera d’une main par la fiscalité, le président le
reprendra au centuple de l’autre, en fragilisant la protection sociale et les
services publics, patrimoine de ceux qui n’en ont pas. Autrement dit, à long
terme, l’addition, pour toutes les baisses d’impôts consenties, s’avérera
beaucoup plus salée pour une grande majorité de Français.
Pourtant, face à l’urgence climatique, à la crise du
logement, ou aux enjeux de réindustrialisation, les investissements à engager
sont immenses. La fiscalité représente un puissant moyen de financement pour
répondre à ces besoins et réduire les inégalités. À condition que l’effort soit
justement réparti. Et c’est là que le bât blesse. Quelques chiffres dressent un
bilan implacable des mesures prises lors du premier quinquennat d’Emmanuel
Macron : le 1 % le plus
riche a vu son niveau de vie augmenter de 2,8 %, soit la plus forte proportion sur l’ensemble de la population. En 2021, les impôts des ménages représentaient
une contribution équivalente à 23,8 % du PIB, tandis que les impôts payés
par les entreprises, 5,9 %. Le capital est moins taxé que le travail.
Dans ces conditions, le consentement à l’impôt est
fortement écorné. Summum de démagogie, le gouvernement a lancé, le
25 avril, alors que les Français remplissaient leur déclaration annuelle,
une consultation intitulée « En avoir pour mes impôts ». Un questionnaire biaisé, dont l’exécutif sait d’avance qu’il viendra donner du grain à moudre à ses futures coupes dans les dépenses
publiques. En nourrissant le rejet de l’impôt, quand une majorité de Français
refusent en réalité l’injustice fiscale, Emmanuel Macron joue là encore un jeu
dangereux.
Dans les années cinquante, dénonçant une « Gestapo
fiscale » et appelant
artisans et commerçants à se rebeller contre l’impôt, Pierre Poujade avait fait élire 52 députés de son mouvement. Parmi eux, un jeune loup de 27 ans, Jean-Marie Le Pen. « La tyrannie fiscale, ça suffit ! » déclare, encore aujourd’hui, sa progéniture, à la tête
du Rassemblement national. Si la haine de l’impôt est l’une des marques de
fabrique de l’extrême droite, c’est qu’il touche au cœur de la redistribution
et à l’universalité des droits.
L’impôt n’est pas le problème, mais la solution. Tout
pousse à une révolution d’ampleur. Les propositions existent. Elles sont
sérieuses, chiffrées. « Il n’y a qu’une seule façon de tuer le capitalisme, écrivait Karl
Marx : des impôts, des impôts et toujours plus d’impôts. »
samedi 27 mai 2023
Nouvelle : « Mystères de la nature »
Un homme marche sur le bord de la
rivière qu’il aime tant, il se fait guider par le chant mélodieux des oiseaux
qui ornent la forêt. Ecoutant le ruissellement de l’eau qui se heurte au
caillou, il remarque les quelques truites qui sautent au-dessus de l’eau. Il en
salive d’avance, ces quelques poissons vont lui servir de repas mais encore
faut-il que la pêche soit bonne. Il pose son sac et sa canne à pêche pour se
préparer à attraper quelques sauterelles qui lui serviront d’appât. Son
habilité ne lui fait pas défaut, il arrive à obtenir quelques sauterelles dont
il démunit les ailes pour les rendre plus alléchantes. Prenant place, caché
derrière un buisson afin que la proie ne le remarque pas, il lance le fil de sa
canne dans le ruisseau. Il s’arme de patience comme l’arbre qui reste immobile
tout au long de son existence. Après une bonne demi-heure d’attente une truite
mord, elle est prise au piège, sa vie s’arrête là afin de prolonger l’heureuse
vie de notre homme. Il est fier de sa prise et son ventre qui gargouille en est
d’autant plus content. Mais sa victuaille crue est bien fade, Il allume donc un
feu à l’aide des quelques allumettes qu’il a emportées, il regarde les quelques
flammes qui dansent et il se demande comment cette magie opère. Les mystères de
la nature le fascinent, telle est sa philosophie. Il se sent oppressé par
celles et ceux qui veulent tout expliquer, ce cerveau scientifique qui donne
une explication à tout ce qu’il voit et même à tout ce qu’il ne perçoit pas
directement comme les galaxies de notre univers. Lui, veut retrouver une âme
d’homme proche de la nature, marchant au gré de ses instincts de survie comme
manger et dormir. De quoi à peur, notre homme, dans cette nature ? Il
connait les coins de la forêt où trouver de succulentes baies, ces myrtilles si
bonnes pour nos yeux grâce à leur vitamines, ces groseilles, framboises et
mûres riches en glucides apportant les sucres rapides qui servent d’énergie
principales pour le corps. Mais aussi les noisettes, les cerises et les
savoureuses fraises des bois. Ou encore les champignons qui poussent le plus
souvent par temps humides. Vous voyez bien que notre homme ne mourra pas de
faim. Mourir de soif ? Il connaît une source d’eau potable bien cachée,
dans le fin fond de la forêt, elle hydratera son corps et lui fournira les
minéraux essentiel à son bien-être, de plus, elle est dépourvue de nitrate et
de calcaire que l’on trouve à profusion dans l’eau des villes. Ces ressources
quasi éternelles ne peuvent que satisfaire ses besoins physiologiques. Et
mourir d’ennui, certainement pas ! Notre homme contemple, il est captivé
par ce qu’il entoure, chaque jour est pour lui un jour nouveau. Selon lui, la
nature recèle des secrets sur la nature humaine, des leçons de vie. Il tire des
enseignements sur l’observation des petits insectes ou volatiles ou bien encore
des simples pierres qui parsèment les sentiers. Il veut vivre libre. Il se fait une raison, il a
choisi l’amour de la nature par compensation.
jeudi 25 mai 2023
« N’est pas Jean Moulin qui veut », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité.
Ah, l’encombrant héritage du Conseil national de la
Résistance pour Emmanuel Macron. Toutes les « réformes » du chef de
l’État pointent dans le sens de la feuille de route dressée, il y a plus de quinze ans, par le vice-président du Medef, Denis Kessler, pour « défaire méthodiquement le programme du CNR ». Et
pourtant, le mal-aimé président des riches se verrait bien « en même temps » incarner le successeur des résistants de la rue du Four. Mais n’est pas Jean Moulin qui veut. Pour les quatre-vingts ans du CNR, l’Élysée retient de l’ancien préfet du Front populaire qu’il sut « unir au sein d’un même mouvement résistant les droites et les gauches ». On n’en mesure que mieux le fossé immense qui sépare
les hommes du 27 mai 1943, attelés dans la nuit la plus noire à relever la
nation autour d’un même idéal de justice, et l’entreprise de démolition et de
division d’un président minoritaire que son « CNR » de pacotille n’immunise pas contre les bruits de casseroles.
Tandis que le programme des « jours
heureux » résonne toujours de façon incroyablement moderne aujourd’hui, Emmanuel Macron et son gouvernement
s’évertuent à détruire ces fondements de notre société. À la « démocratie économique et sociale » projetée par ces grands aïeux, s’oppose le règne des exemptions
fiscales des grandes fortunes. La « participation des travailleurs à la direction de l’économie » n’est plus qu’un rêve, à l’heure de l’explosion des dividendes des
actionnaires. Le « plan complet de sécurité sociale » est frontalement attaqué par la réforme des
retraites. Et la déréglementation des tarifs du gaz parachève la destruction de
l’édifice bâti depuis la loi de nationalisation de l’énergie du ministre communiste
Marcel Paul, en 1946.
Pourtant, les ressources infiniment plus abondantes
qu’alors rendent les « jours heureux » à portée de main. Mais comme à l’époque, ils n’adviendront
qu’avec le courage de femmes et d’hommes prêts à surmonter leurs désaccords
pour ouvrir une perspective de progrès et de rassemblement au peuple français.
L’anniversaire du CNR nous rappelle que le désastre n’est jamais une
fatalité.
UNE INITIATIVE PARTICULIÈREMENT BIENVENUE !
Politique de la
ville : des maires alertent sur la situation « dramatique » des
quartiers prioritaires
Une quarantaine de maires de communes abritant des
quartiers prioritaires de la politique de la ville ont signé, hier matin, une
tribune dans Le Monde pour réclamer « un plan d'urgence pour les
banlieues » qu'ils jugent « au bord de l'asphyxie », notamment
du fait de l'inflation galopante.
« Nous lançons un cri d’alerte au président de
la République. » Alors que les maires sont dans l’attente de la
prochaine génération des contrats de ville, qui prendront effet le 1er janvier
prochain mais dont la philosophie devrait être dévoilée avant l’été par
le président de la République, la tribune publiée ce matin dans Le
Monde donne une idée des graves crises que traversent les banlieues
les plus pauvres et des « situations dramatiques »,
qui s’y développent.
« Détresse alimentaire »
La tribune est signée de 39 maires de communes
abritant des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), de
toutes tailles – on trouve parmi les signataires la maire de Paris mais aussi
ceux de Saint-Martin-d’Hères (Isère) ou de Lormont (Gironde). Il s’agit
essentiellement de maires de gauche (PS, PCF ou EELV), mais pas seulement, deux
maires « divers droite » ayant signé la tribune. Font également
partie des signataires plusieurs membres des instances dirigeantes de l’AMF,
dont André Laignel (Issoudun), son premier vice-président délégué, Mohamed
Gnabaly (L’Île-Saint-Denis), et Gilles Leproust (Allones), membres du Bureau de
l’association, ou Hélène Geoffroy (Vaulx-en-Velin), co-présidente de sa
commission Politique de la ville.
Pour ces maires, c’est l’inflation qui est aujourd’hui
le problème le plus criant des banlieues populaires, avec une situation
de « détresse alimentaire » qui touche de plus en plus de
foyers : « Des habitants sont contraints de ne pas manger à
tous les repas, et le nombre de personnes qui font appel aux distributions
d’urgence alimentaire ne fait qu’augmenter. »
La deuxième alerte concerne les difficultés de
paiement des loyers : « En 2022, la moitié des organismes HLM
a enregistré une augmentation de plus de 10 % du nombre de loyers en retard de
paiement de plus de trois mois », écrivent les maires, qui savent déjà
que cette situation « va indéniablement s’aggraver en 2023 ».
Ils rappellent également que le taux de chômage dans les QPV est « 2,7
fois supérieur » à celui des autres quartiers.
La crise climatique, poursuivent les élus, frappe plus
durement les habitants des quartiers pauvres que les autres – les canicules y
étant « plus éprouvantes ». « L’affaiblissement
des services publics » conduit à une augmentation « préoccupante »
du nombre de personnes « qui ne recourent plus à leurs droits
» , et la dématérialisation des procédures ne résout rien, du fait de
la fracture numérique.
Plan d’urgence
Dans ces quartiers, « les associations
sont à bout de souffle » et les collectivités « sont
dans l’incapacité de lancer les travaux et doivent revoir à la baisse les
projets », notamment du fait de la hausse des coûts, « ce
qui amplifie le doute des habitants dans la parole publique ». Ces
habitants ont de plus en plus « le sentiment d’être abandonnés par
la République ».
Les maires demandent donc au gouvernement « un
plan d’urgence », appuyé sur trois mesures : « un
dispositif pérenne de lutte contre la précarité alimentaire », le gel
des prix de l’énergie pour les bailleurs sociaux, et un abondement de « deux
milliards d’euros » pour l’Anru (Agence nationale de la
rénovation urbaine). Ils demandent que les « droits élémentaires »
(éducation, santé, culture, sport, sécurité, emploi), soient « une
réalité pour tous », et que « le droit commun soit
rétabli dans les quartiers populaires ».
Les maires signataires se disent « disponibles
pour contribuer à élaborer des réponses pertinentes », et en
appellent « à la responsabilité du président de la République » : « Ignorer
ce nouvel appel au secours reviendrait à mépriser la situation de millions
d’habitants. »
Reste à attendre le discours que le chef de l’État
doit prononcer sur les nouveaux contrats de ville, baptisés « Engagements
quartiers 2030 », comme l’a dévoilé en avril le ministre du Logement, Olivier
Klein, pour savoir si l’exécutif entend répondre à cet « appel au
secours » à hauteur des attentes des maires et de la population.
« Guerre d’usure », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.
Il n’y a pas de guerre sans propagande. Derrière les
déclarations fracassantes et les coups de menton, les bombes sèment la mort,
installent des haines durables. Quinze mois après l’agression russe, les
victimes se comptent par dizaines de milliers. Attaqués, les civils ukrainiens
continuent de faire corps derrière leurs troupes. Des armes lourdes se massent
aux frontières de la Russie, qui s’enlise dans un conflit insensé qu’elle croyait
pouvoir dominer, tandis que nombre de ses soldats reviennent à la maison les
pieds devant.
La désinformation bat son plein. La milice privée
Wagner aurait offert Bakhmout, une ville en ruines, à Vladimir Poutine.
Victoire démentie par Kiev, qui salue les incursions armées d’opposants de
nationalité russe dans la région de Belgorod. Le locataire du Kremlin annonce
des représailles à quiconque foulera de nouveau son sol. Guerre d’usure, guerre
psychologique. Fortes du soutien de l’Europe et des États-Unis, les autorités
ukrainiennes promettent une grande contre-offensive. Elle surviendrait
peut-être dans quelques mois, dès que les militaires ukrainiens seront formés
pour piloter les redoutables F-16, tant attendus. En échange de quoi Kiev devra
encore patienter avant de rentrer dans l’Otan.
S’IL EST TROP TÔT POUR PARLER DE PAIX, LES GESTES QUI VONT DANS LE SENS DU
DIALOGUE DOIVENT ÊTRE ENCOURAGÉS.
D’offensives en contre-offensives, le conflit prend
l’allure d’une spirale mortifère, sans issue. S’il est trop tôt pour parler de
paix, les gestes qui vont dans le sens d’une désescalade et du dialogue doivent
être encouragés. En tournée en Europe, l’ancien ambassadeur de Chine à Moscou
Li Hui a été reçu en Ukraine, en Pologne, et en France.
Dans l’esprit de son plan de paix présenté en février,
Pékin propose d’avancer vers un règlement politique du conflit. Si l’initiative
suscite des réserves, elle n’a pas pour autant été rejetée. L’Ukraine
n’acceptera « aucune proposition qui impliquerait la perte de ses
territoires ou le gel du conflit », a insisté le chef de la diplomatie ukrainienne,
Dmytro Kuleba. La question de l’intégrité territoriale des États figure dans
les 12 points de la proposition de résolution chinoise. La porte reste
entrouverte, c’est déjà ça.
« Au rendez-vous », l’éditorial de Laurent Mouloud dan l’Humanité.
« Va à la niche ! Va à la niche ! On est chez nous ! » Diffusées dans Envoyé spécial , les images de cette sympathisante RN de Montarg...
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjG_7TClCL10lqE7eBeNtd6uRuQE2iWIy-VZfrJrYNTs5L9FhhYD6zNsUwO6bhEeduH0_RiFp5v1NGq6b5zLCE2PjuK3gxdCjNAq0zSmKx8cb8ZilSlWqFmOtIST1ws5RFk6J7g0SfKFxfa_Ftxx84M22T2asQO7EnWUS_mkJBHQYpNKHQuHFhSfg7sOrEO/w400-h225/LMO.png)
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